« APE Japon-Union Européenne : Ne pas agir serait plus dangereux qu'agir ! »

Duco Delgorge est le président de l'European Business Council

 

Êtes-vous optimiste sur les négociations ?
Bien sûr, on ne peut pas prédire ce qui va se passer. Mais il est certain qu'il y a un engagement côté japonais, qui a été renouvelé lorsque le Parti Libéral Démocrate est revenu au pouvoir.
Tant que les ministères conserveront une grande latitude pour interpréter les normes, les choses ne changeront pas. Par contre, si nous pouvons être spécifiques au cours des négociations à la fois sur le tarifaire et sur le non tarifaire, les choses changeront. Donc, on peut être optimiste. D'autre part, si les engagements pris ne sont pas tenus, nous pouvons quitter à tout moment la table des négociations. Nous ne perdrons pas de temps en tergiversations. Les Japonais le savent.

Quelles barrières non tarifaires avez-vous subi en tant qu'importateur de produits alimentaires ?
Trop souvent, les autorités sanitaires demandent des analyses inutiles pour les produits alimentaires européens qui arrivent au Japon. Je voudrais vraiment voir des progrès sur ce dossier. Les autorités nous parlent de sécurité alimentaire, mais leurs exigences se traduisent par des coûts inutiles et des pertes de temps, quand on ne perd carrément pas le client.

Comment s'est passée la phase pré-négociations ?
Nous sommes habitués à la stagnation. Mais il y a eu vraiment énormément de négociations et de meetings pour préparer les vrais pourparlers. les Européens veulent un meilleur accès au marché japonais, mais il faut reconnaître que les Japonais ont déjà fait beaucoup de progrès. Dans l'automobile, dans le secteur pharmaceutique, dans celui de l'équipement médical, les avancées sont sensibles.  
Les inquiétudes des États-membres de l'Union Européenne ont été prises en compte les unes après les autres. Aujourd'hui nous sommes dans une autre étape. Nous comprenons tous que l'inaction comporte beaucoup plus de risques que l'action. Quelles que soient les barrières au commerce, il y a un vrai momentum pour démarrer les négociations.

Quel type d'accord recherchez-vous ?
L'Union Européenne et le Japon veulent un accord qui aille bien au-delà du commerce. L'investissement, la collaboration, seront d'autres thèmes de l'accord Nous cherchons à conclure un accord gagnant-gagnant. Ma propre recherche m'a appris que la relation commerciale entre l'Europe et le Japon est bien en-deçà de ce qu'elle est avec les États-Unis ou la Chine. Les chiffres sont là.
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Les marchés publics japonais vont-ils enfin s'ouvrir selon vous ?
Les marchés publics ont clairement été « zone interdite » pour les entreprises étrangères au Japon, ce alors que les entreprises japonaises ont remporté quelques marchés en Europe. Nous devrions enfin voir des succès européens ici dans les prochaines années.

Combien de temps donnez-vous aux parties pour parvenir à un accord ?
Nous pensons qu'il faudra au moins trois ans, au plus cinq ans pour parvenir à un accord. La mise en place de l'accord prendra dix à quinze ans supplémentaire. Cela peut sembler long, mais il vaut mieux un accord avec un calendrier que pas d'accord du tout.

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