Internet : Ce Français derrière chaque écran

Criteo est la jeune entreprise dont tout le monde parle, même au Japon. On avait oublié qu'elle était française

 Nouveau modèle
« Lorsque Criteo s'est introduit sur le Nasdaq en octobre 2013, on nous a dit que nous étions la première société française en treize ans ! », se souvient Max Ueno, qui représente, depuis Tokyo, Criteo en Asie-Pacifique.
Criteo est la success story française de l'internet. Ses 850 employés, répartis dans seize bureaux à travers le monde, travaillent avec 6000 éditeurs de site web et 5000 annonceurs. Le nombre de clients augmente à une vitesse exponentielle. Au Japon, la société occupe des bureaux au pied de la gare du quartier moderne de Meguro. La moitié de l'espace, encore vide, est un signe de l'expansion en cours du groupe dans l'Archipel. Criteo a signé un accord d'exclusivité historique (cf. encadré) avec Yahoo! Japan pour exploiter leurs espaces publicitaires. « Nous avons assisté à la croissance des technologies de ciblage d'audience, et avons identifié Criteo en tant que leader mondial sur ce secteur prometteur », déclarait à l'époque Masatsugu Shidachi, en charge du marketing chez Yahoo! Japan dans un communiqué.
Le métier de Criteo : optimiser le ciblage publicitaire dans le grand chaos qu'est internet. « Aujourd'hui, les entreprises cherchent toutes des moyens d'augmenter leurs volumes de vente, alors que le nombre de recherches sur internet augmente de moins en moins vite. Nous devons donc améliorer la rentabilité des dépenses publicitaires », explique Max Ueno.

Trois secrets
Pour ce faire, cette société dispose de trois atouts : d'abord, une offre de produits promus constamment renouvelée, qui suit au plus près les tendances de consommation du moment. « Si une jeune femme achète un pull bleu, on peut lui proposer le pantalon blanc qui correspond au pull à ce moment-là », explique Max Ueno. Criteo dispose d'outils extraordinairement fins pour associer les recherches de produits par similarités. Ensuite, Criteo a réalisé le rêve de tout artiste : la création automatique ! « Une entreprise nous donne son logo, et nous générons automatiquement sa taille, le visuel qui sert de toile de fond à la publicité, etc. », poursuit Max Ueno. Plus besoin de design superflu pour la plupart des offres de services sur internet. Enfin et surtout, Criteo se targue d'acheter intelligemment, et même avec vertu, les bannières publicitaires. Ses logiciels permettent d'estimer au plus près le rapport qualité-prix des emplacements publicitaires. Mieux : son système de facturation, original, est à l'avantage de l'annonceur, et oblige Criteo à être efficace : « Nos concurrents facturent les annonceurs, et rémunèrent les sites web où ils placent leurs publicités, par rapport au nombre de fois où une bannière est « cliquée ». Criteo de son côté se paie aussi chaque fois qu'une bannière est cliquée, mais paie les sites web à l'impression, soit uniquement le nombre de fois où une bannière est affichée. Un tel système nous oblige à être performants, car chaque fois qu'une bannière s'affiche sans être cliquée, nous devons payer le site web, mais nous ne recevons pas d'argent de l'annonceur », explique-t-on chez Criteo.
Le Japon demeure une pièce maîtresse du développement de Criteo. 19% des ventes sont réalisées en Asie-Pacifique, dont une part très importante dans l'Archipel. « Nous maintiendrons notre antenne régionale au Japon au moins pendant les deux ou trois prochaines années », assure Max Ueno.

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Lionel Vincent (CVML)
« Le deal signé entre Criteo et Yahoo! Japan représente une rupture pour ce dernier : c'est en effet la première fois que ce site web immensément populaire au Japon confie à un tiers, sur une base exclusive, la monétisation de son espace publicitaire. Pourquoi ? Parce qu'aucune société n'est technologiquement aussi avancée que Criteo. Sa réussite est exemplaire », explique Lionel Vincent, de CVML, qui conseille Criteo au Japon. « Pour tout investisseur étranger ici, le succès passe nécessairement par l'offre de produits, services ou technologies à forte valeur ajoutée et répondant à un besoin du marché japonais », rappelle-t-il.

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