La vie objective

Vive le fax !
Le fax a été inventé en 1843 en France mais c’est du Japon qu’il a commencé sa conquête du monde, raconte l’historien Jonathan Coopersmith dans le livre Faxed. Il a eu son coup d’envoi avec le sacre de l’empereur Hirohito, en 1928, car il permettait de transmettre les photographies de la cérémonie dans tout le pays. Pendant les années 30, l’Armée japonaise l’utilisera pour envoyer des photographies du front de Chine. Avant d’être adopté en masse. Les Japonais utilisant trois langages écrits, le télégraphe nécessitait plusieurs transcriptions, sources d’erreurs ; une machine pouvant transmettre des dessins, donc des kanjis et des kanas, était beaucoup plus appropriée, explique Jonathan Coopersmith. Avec le temps les technologies de communication et d’impression s’améliorent, les coûts baissent, et le gouvernement développe une politique d’innovation autour du fax. « Un mythe américain est celui de la solitude de l’inventeur. Une invention nécessite un travail d’équipe pour être diffusée. C’est pour cela que le Japon, économie collaborative et compétitive, a développé tant d’applications », raconte Jonathan Coopersmith dans une interview au podcast NBN. Les Japonais deviennent en 1980 les premiers usagers et les premiers fabricants de fax.
Le fax a progressivement disparu des bureaux à l’orée des années 2000, supplanté par internet et l’avènement d’une société désireuse d’en finir avec le papier. Sauf... au Japon. Aujourd’hui 100% des bureaux et 45% des foyers ont encore leur fax.

Les passe-murailles
Pour la première fois un projet fou réunit scientifiques égyptiens, français et japonais : radiographier les pyramides d’Egypte et comprendre un peu mieux leur étrange structure. Les chercheurs réunis au Caire au sein du projet Scanpyramids utilisent les muons, des particules élémentaires similaires aux rayons X qui peuvent traverser des rochers de grande épaisseur. La radiographie par muons, ou muographie, est aujourd’hui utilisée par exemple au Japon pour l’observation des volcans et pour celle de la centrale endommagée de Fukushima. Extraordinaire avantage de cette technologie pour des vestiges historiques comme les pyramides d’Égypte : son caractère « non invasif » et « non destructif ».
Scanpyramids a exposé dans une pyramide en décembre dernier 40 plaques sensibles aux muons pendant 40 jours pour prendre l’équivalent d’une “photographie interne” du bâtiment. Les films pris ont été développés dans un laboratoire installé au Caire puis analysés à l’Université de Nagoya.

Déjà la 8K
Les Jeux Olympiques de Tokyo ont déjà commencé pour les entreprises japonaises de haute technologie. L’opérateur de télécoms NTT Docomo a présenté en mai une diffusion d’images sans fil à la norme 8K, seize fois plus précise que la haute définition actuelle. La vitesse de transmission des images est de 1/10.000e de seconde. Le même jour, de son côté, son concurrent KDDI annonçait avoir réussi à transmettre des images 8K par fibre optique.
La 8K offre des perspectives formidables : imagerie médicale, analyse géologique, diffusion de spectacles vivants et de films... C’est un enjeu national pour l’Archipel. Les entreprises japonaises sont beaucoup plus présentes dans la 8K que dans la haute définition actuelle. Elles savent fabriquer les capteurs d’images, écrans plats, caméras, vidéoprojecteurs et autres appareils pour cette nouvelle technologie. La véritable popularisation de cette nouvelle technologie aura lieu lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Mais la NHK prévoit de lancer plusieurs chaînes par satellite et par fibre optique en 8K dès 2018 à l’occasion de la Coupe du monde de football en Russie.

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