Repères

Que fait la police
Comme chaque année, le bilan policier japonais est désespérément meilleur que le bilan français. Le ministère de la Justice (MoJ) a publié mi-novembre son Livre blanc sur la criminalité, bien nommé tant le bilan du Japon paraît sans tâches. Par rapport au bilan français, il est éclatant : selon le MoJ, il y a cinq fois plus d’actes de délinquance, quatre fois plus de meurtres, et trois fois plus de vols, en France qu’au Japon.
Les bons chiffres du ministère de la Police corroborent ce que vivent chaque jour les Français au Japon : une ambiance de sécurité absolue, où les nuisances n’ont rien à voir avec celles que vivent leurs compatriotes en France. Un spécialiste français de ces questions, en poste au Japon, salue ce bilan tout en rose : « À effectifs policiers constants, la délinquance a baissé de moitié en dix ans au Japon. C’est remarquable. Leurs saisies record de drogue sont en centaines de kilos, tandis qu’en France, on compte plutôt en tonnes... Ce qu'ils font le mieux, c'est la police de proximité. Il y a dans les villes une sursaturation policière qui n'existe pas en France. La police demeure prestigieuse et respectée. Mais elle s'appuie sur une société homogène, sans immigration, où des systèmes de sécurité sont mis en place par les citoyens, où la sécurité est un des sujets de l’éducation ». Selon notre spécialiste, les chiffres sont un peu manipulés. « Il est très difficile de porter plainte au Japon. C’est à se demander parfois si le policier qui reçoit la plainte ne cherche pas à vous décourager par tous les moyens », explique-t-il. Grosse ombre au tableau : l’échec persistant de la lutte contre le crime organisé. « Les Japonais sont très prudents quand on parle de répression. Leur arsenal législatif contre le crime organisé n’est pas adapté : il est composé de “délits barrières”, des délits annexes aux crimes eux-mêmes : interdiction de faire partie d’un gang sur liste noire, interdiction d’avoir un compte en banque, etc. Du coup les membres des gangs sont entrés dans la clandestinité ».

Recherche fonctionnaires, pas désespérément
Le Japon, le pays où le fonctionnaire est rare. L'Archipel compte 4,36 millions de fonctionnaires, soit 34,3 fonctionnaires pour 1000 habitants, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur japonais. C'est le plus faible ratio parmi les pays industrialisés. 26,5 d'entre eux travaillent dans la fonction publique locale, tandis que 7,8 travaillent dans la fonction publique nationale. La France de son côté compte 84,2 fonctionnaires pour 1000 habitants, soit trois fois plus que le Japon. La différence est particulièrement marquée dans la fonction publique nationale, où la France compte cinq fois plus de fonctionnaires que le Japon. Dans la fonction publique locale, les fonctionnaires français sont seulement 50% plus nombreux que les Japonais. « Le nombre peu élevé de fonctionnaires au Japon montre que le pays ne pourra pas économiser en taillant parmi leurs effectifs. Pour redresser les finances publiques, il est obligé de recourir à l'impôt ou de transformer complètement sa politique budgétaire », commente Nobuyuki Saji, de MUFG.

Banques
En vingt ans, entre 1994 et aujourd’hui, les banques japonaises ont vu leur ratio créances/dépôts passer de 130 à 70%, estime MUFG. Le dégonflement de la bulle dans les années 90, l’adoption de normes comptables à la valeur de marché, enfin l’absence de demande de crédit des entreprises non financières ont entraîné les banques à réduire leur crédit par rapport à leurs fonds propres. Les banques françaises, de leur côté, ont un ratio créances/dépôts très élevé. En 2000, il était encore de 130%. Il est aujourd’hui d’environ 115%. Mais après la crise de la zone euro, de nouveaux ratios de liquidités imposés par les accords Bâle III, adoptés pour parer à de nouvelles crises bancaires, obligent les banques à réduire encore drastiquement ce ratio. Bâle III doit être mis en place d’ici 2015. «  Pour les banques japonaises, les nouveaux ratios sont faciles à respecter. Mais pour les banques françaises, ce sera particulièrement difficile », explique un haut fonctionnaire de la banque du Japon en charge de ces questions.

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