Sécurité routière : harmonie à deux voies

Depuis 2009, la Ligue contre la violence routière française et son homologue japonais Inochi no messeji (« Le message de la vie ») collaborent pour faire baisser le nombre de victimes d’accidents de la route en France et au Japon. Toutes deux sont membres fondatrices de la Ligue internationale contre la violence routière. Elles mèneront des actions communes en 2013, explique-t-on côté français. En attendant, les deux associations comptent leurs morts. En 2011, il y a eu 3963 tués sur les routes en France, contre 4611 au Japon. 21% des tués en France sont dans la tranche d’âge des 18-24 ans, alors qu’ils ne représentent pas 10% de la population. Au Japon, cette tranche d’âge représente 9,5% des tués. Vraie spécificité japonaise : le nombre de tués parmi les motards. 19,2%, alors que ceux-ci ne représentent que 2% de la circulation routière (ce ratio en France est de 11,1%). Le plus impressionnant écart entre les deux pays, et le plus honteux pour la France, est probablement sur les tués liés à l’alcoolémie illégale : 31% des tués en France, contre 6,5% au Japon en 2011! Le chiffre du Japon est d’autant plus impressionnant qu’il était encore de 15,4% en 2001. « C’est la conséquence des contrôles et de la mise en place de lois draconiennes au Japon », explique un bénévole de la Ligue contre la violence routière, familier de la situation japonaise. Le Japon est parti de très loin, comme en témoigne l’expérience de Kyoko Suzuki, fondatrice d’Inochi no messeji. Son fils unique a été tué en 2000 par un chauffard ivre, récidiviste et roulant sans permis. « À l’époque, la loi pour un tel crime était de cinq ans et demi de prison maximum. Le travail d’alerte de Kyoko Suzuki auprès de la Diète japonaise a conduit à porter à vingt ans de prison la peine pour les mêmes faits », explique notre bénévole. L’association a aussi sensibilisé les Japonais en « incarnant » les accidentés de la route par des silhouettes de polystyrène à leur effigie, saisissantes, qu’ils placent dans les lieux de passages des villes japonaises (mairie, école, prison...). Ces figurines mènent ainsi une véritable carrière (une deuxième vie, une deuxième chance, ose-t-on), en théorie sans fin, au service de la sécurité routière. Au Japon aujourd’hui, même le passager est responsable s’il laisse quelqu’un en état d’ivresse prendre le volant à côté de lui. Le taux d’alcoolémie illégal en France est de 0,5 gramme par litre de sang, contre 0,3 gramme au Japon. On évalue en France le coût de l’insécurité routière à 23 milliards d’euros en 2011 (pas de chiffre équivalent pour l’Archipel).

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