Vins, sortir par le haut

Les vins français se portent bien au Japon. À condition d’être grands !

Gare au Chili 

Scoop : le 13 mai prochain aura lieu une nouvelle édition du Jugement de Paris. En 1976, ce concours de dégustation à l’aveugle organisé à Paris entre vins français et américains avait à la stupéfaction et à l’embarras général consacré un vin... américain, renversant totalement la hiérarchie des vins ! La nouvelle manche de cette bataille planétaire aura lieu à Tokyo, bien sûr.
Le vin chilien a, dit-on, le vent en poupe au Japon. Tandis que les importations de vins chiliens ont été multipliées par six ces dix dernières années, celles de vin français ont reculé de 6,5% sur ladite période. La conséquence d’une montée en qualité des vins du Nouveau-Monde et d’un accord de libre-échange entre les deux pays. 
Mais les Japonais se fournissent surtout en ivraie quand ils achètent des vins chiliens. La catégorie dans laquelle leurs importations ont explosé est celle des vins d’entrée de gamme, à un prix infé­rieur à 500 yens la bouteille. Quand il s’agit de bon grain, les Japonais plébiscitent encore les Français.

Le vin, accélérateur social

Le marché japonais demeure un des marchés clés pour les grands crus. "Il représente probable­ment 10% du volume mondial" calcule, au doigt mouillé, l’importateur Ernest Singer de Millesimes. "Le Japon est un marché stable, contrairement à des pays assez imprévisibles comme la Russie ou la Chine. Il est considéré comme le marché mûr de l’Asie, de connaisseurs, qui savent ce qu’ils achètent", explique Florian Csajagi, qui représente les maisons de négoce du groupe Taillan au Japon. Les grands vins ne jouent pas sur le prix ; ils jouent sur l’identité, l’histoire du vignoble, l’appellation d’origine contrôlée... Comment expliquer un tel engouement ? Pour un importateur chevronné, la clé de la popularité des grands vins est à cher­cher du côté des femmes, qui furent prises d’une véritable ivresse pédagogique à la fin des années 90 pour les cours d’oenologie. "On n’imagine pas des femmes s’adonner aux passe-temps populaires modernes typiquement japonais : pachinko, karao­ké, mah-jong... Le vin en revanche leur a donné un passe-droit, Il est, entre les mains des femmes japonaises, un accélérateur social."

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