AGROALIMENTAIRE : tous dans le même bateau

Les acteurs européens de l'agroalimentaire, malgré l'amour des Japonais pour leurs produits, ont parfois le sentiment d'être les dindons de la farce.

 

Bons baisers de Hong Kong
« Je rentre de Hong Kong. J'étais stupéfait de voir le nombre et la variété des produits qui rentrent. Les autorités hongkongaises semblent se contenter de l'agrément des autorités européennes pour autoriser les produits. On est loin du compte au Japon ! » : ainsi se lamente un importateur français de produits japonais. À Hong Kong, en Thaïlande, ailleurs en Asie, les clients des restaurants se gobergent de belons français et de bonottes (pommes de terre) de Noirmoutier. Les Japonais sont priés d'attendre, les douanes veillent sur eux. Les raisons de se plaindre ne manquent pas dans l'agroalimentaire européen : les fruits frais ne rentrent pas, pas plus que les légumes frais, ni le bœuf, ni l'agneau, ni le porc, ni le lapin, ni les huîtres... « À chaque fois, on nous oppose des considérations sanitaires », peste notre importateur. Souvent, les produits ne sont pas interdits, mais les conditions de traçabilité sont telles que la filière préfère s'abstenir. Les salades sont autorisées, certes, mais elles ne doivent pas comporter de traces de terre ; il faut donc les soumettre à des fumigations qui les rendent, oui, non comestibles. Un autre, restaurateur au surplus : « Les douanes japonaises sont de plus en plus exigeantes. Avant, le dédouanement prenait une semaine. Maintenant il prend un mois ! Et en charcuterie, une homologation prend des années »...

Dans le bon sens
Depuis 1980, French F&B fournit les professionnels de la restauration japonaise. Il a aujourd'hui 800 clients au Japon. Pour lui, l'accord que négocieront Japon et Europe ne peut qu'aller dans le bon sens non seulement pour eux, mais aussi pour les Japonais. « Notre offre n'est pas en concurrence avec celle des producteurs japonais. Les consommateurs ne vont vers les produits importés que pour les produits qu'ils ne trouvent pas chez eux. Un tel accord élargira leur palette de choix. Nous pourrons leur offrir du veau, des courgettes, des huîtres françaises...» rêve Malik Roumane, directeur-général de cet importateur.
Les Japonais pourraient mettre de l'eau dans leur vin en se rendant compte qu'ils sont victimes à l'étranger de la même intransigeance. La catastrophe de Fukushima, qui a rendu suspectes leurs exportations alimentaires (et jusqu'à leurs automobiles, pour lesquelles certains pays demandaient un certificat de radioactivité) leur a peut-être ouvert les yeux. Si les exportations alimentaires sont une de leurs nouvelles priorités, cet accord sera un pas dans la bonne direction aussi pour eux. Exemple : les appellations d'origine contrôlée font partie de la négociation. Les Japonais ont été sidérés de voir des industriels chinois vendent du riz Koshihikari, nom de leur riz emblématique. Tel est pris qui croyait prendre...

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