Education : France/Japon : regards croisés

Victor Tenneroni est passé d'HEC à l'Université Keio. Takeshi Ohtsuki, lui, a intégré HEC après Keio. Ils ont l'avenir devant eux. Ils partagent leurs impressions entre France et Japon

Takeshi Ohtsuki : après mes études à l'université Keio, j'ai choisi la France parce que je voulais apprendre le management des marques et le marketing. Au Japon les entreprises laissent plutôt le produit s'exprimer et cherchent en permanence à l'améliorer. Mais nous ne sommes pas forts en marketing. Toyota et Panasonic sont encore des marques puissantes, mais les nouvelles entreprises japonaises désireuses de conquérir le monde ont les pires difficultés à se faire connaître quand elles sortent du Japon. A l'inverse beaucoup de marques très influentes sont nées en France. Les Français sont très bons pour rendre leurs produits attractifs.
Choisir la France pour terminer ses études est encore assez exceptionnel au Japon. Pour la plupart des étudiants japonais, le management s'étudie plutôt aux États-Unis. Mes camarades étudiants m'ont considéré avec un certain étonnement quand je leur ai révélé mon choix. Des parents classiques auraient peut-être désapprouvé cette orientation ; les miens m'ont soutenu de bout en bout. Je ne le regrette pas. J'ai beaucoup aimé ma première année à HEC. Les cours dispensés par les professeurs et par les praticiens sont très intéressants. Les étudiants sont d'origine diverse et très ouverts d'esprit.
Actuellement, j'effectue mon stage professionnel chez L'Oréal. Je trouve que les entreprises françaises ne sont pas si différentes que cela des entreprises japonaises. Elles ont un sens de la hiérarchie similaire, plus prononcé que dans les entreprises américaines. La vraie différence est dans l'attitude en public : dans une entreprise japonaise, nous devons faire preuve d'humilité, tandis que dans une entreprise française, il faut afficher une confiance en soi solide.

Victor Tenneroni : Je suis étudiant HEC, actuellement en échange à l'université de Keio. J'avais déjà étudié les sciences économiques en France. Alors, une fois parti en échange, j'ai opté pour des matières liées à la culture japonaise, que je n'aurais sans doute jamais la chance loisir d'étudier ailleurs : histoire du Japon avant l'époque moderne, cinéma... Mais, étrangement, l’aspect le plus intéressant de mon expérience est le club d'aviron dans lequel je me suis inscrit. La comparaison avec le club d'aviron d'HEC dont je fais également partie est saisissante. Aux entraînements, j'observe la discipline et l'esprit de corps des Japonais, leur répartition rigoureusement équitable des tâches, leur souci de la ponctualité... Cette manière de se comporter n'existe pas en France. Mes coéquipiers sont à la fois très impliqués et humbles. Personne n'est laissé au bord du chemin dans un groupe. Etant un nouveau venu dans l'équipe, je suis pour le moment condamné à demeurer au bord de l'eau et à soutenir ceux qui naviguent. Mais cela ne me dérange pas. L'aviron peut sembler une activité futile quand on fait une école de commerce : je prétends que c'est une expérience au contraire très importante car riche en apprentissage du point de vue humain. Au fond, qu'est-ce que le management, sinon s'occuper d'un groupe ?

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