Prochain arrêt Osaka
La mégalopole séduit les touristes chinois et se réinvente pour mieux les accueillir
+35% : c’est le montant de la hausse annuelle de l’investissement dans l’immobilier commercial en 2017 à Osaka. « La demande pour des actifs à Tokyo ne faiblit pas, mais le manque de vendeurs et les prix élevés des terrains ont incité les investisseurs à se recentrer vers des marchés régionaux, notamment Osaka », explique Takeshi Akagi, directeur de la recherche chez JLL Japan dans une note récente.
Un vote de confiance impressionnant par les investisseurs pour cette mégalopole souvent cataloguée dans la catégorie « ancienne gloire » par le reste du Japon et du monde. Ici encore, le centre-ville est hérissé de grues. Au nord de la gare centrale, le complexe Umekita entre dans sa deuxième phase de construction. En tout, 24 hectares de bureaux, commerces, hôtels et salles de conférence sont déployés, en plein centre-ville, pour une ouverture prévue en 2024. La ville a-t-elle les yeux plus gros que le ventre ? « Non et pour une raison simple : Osaka a depuis longtemps un problème de pénurie de bureaux. Le projet Umekita, analysé froidement, représente l’équivalent de deux Maru Biru, l’immeuble de Mitsubishi situé en face de la gare de Tokyo. C’est un volume que la ville peut parfaitement absorber », estime un analyste. Selon Jones Lang Lassalle, Osaka n’augmentera son parc de bureaux que de 60.000 mètres carrés en quatre ans, contre 1,6 million de mètres carrés pour Tokyo au cours de la même période... Les quartiers commerçants traditionnels d’Umeda et de Shinsaibashi affichent une santé de fer et ne désemplissent pas. Le mythique grand magasin d’Umeda, Hankyu, est en pleine rénovation ; de même que l’autre légendaire grand magasin, Daimaru, à Shinsaibashi. La luxueuse artère Midosuji est en train de mordre sur ses voies centrales routières pour élargir ses trottoirs afin d’y installer cafés et boutiques, sur le modèle de l’avenue parisienne des Champs Élysées. Forte d’une agglomération de 21,6 millions d’habitants qui dégage un PIB équivalent à celui des Pays-Bas, la ville a repris des couleurs. Elle en prendra encore avec la prochaine arrivée probable d’un casino sur son île artificielle de Yumeshima.
TOURISTA
La ville n’est pas épargnée par le ressac démographique (elle perdra 600.000 habitants d’ici 2030). Mais elle bénéficie énormément de l’explosion du nombre de touristes étrangers : 11,11 millions en 2017, soit une hausse annuelle de 18%, mais qui s’est traduite par une hausse des dépenses de 25%. Pourquoi ? Osaka est fun et ses visiteurs ne regardent pas à la dépense. Les touristes chinois (40% du total) sont particulièrement importants. Plus proche de la Chine (un vol Shanghai-Osaka prend trente minutes de moins qu’un vol Shanghai-Tokyo), moins chère que la capitale, Osaka est aussi une excellente porte d’entrée vers Kobé, Nara et surtout Kyoto, destinations touristiques de premier plan à moins d’une heure de transports en commun. Osaka bénéficie de la modernisation de son infrastructure aéroportuaire, menée par le Français Vinci Airports associé au conglomérat local Orix. Surtout, la ville est plus familière aux touristes asiatiques que la fière Tokyo. On peut y satisfaire des goûts de luxe comme y séjourner sur un mode frugal. « Les Chinois se sentent chez eux à Osaka. Et les habitants du Kansai sont des commerçants-nés » explique un analyste du secteur. Les ventes en duty-free explosent depuis un an. Une palanquée de nouveaux hôtels (Conrad, W...) ouvrira dans les prochains mois.