« Nous passons à l'anglais intelligible »

Enseigner l'anglais au Japon par Naoshi Kira, professeur à la Japan School of Education

Pourquoi les Japonais parlent-ils mal anglais ?
Beaucoup de raisons, toutes liées les unes aux autres. Oui, l’anglais est aux antipodes du japonais. Mais il y a d’autres raisons. D’abord, la méthode principale et historique d’enseignement de l’anglais est lagrammar translation, selon laquelle on apprend l’anglais à partir de la grammaire. Le Japon a adopté cette méthode après-guerre pour rattraper les Etats-Unis, considérant que la manière la plus rapide de le faire serait d’apprendre par les livres, jusqu’aux classiques de la littérature anglaise. Les cours sont dispensés par des professeurs qui ont appris avec cette méthode, etne peuvent paschanger. Ces cours sont de simples lectures et ne favorisent pas l’expression. D’autre part, les examens d’entrée du cursus scolaire comportent une part importante d’anglais, mais ces examens évaluent seulement la lecture, l’écriture et la connaissance de la grammaire. Pas l’expression. En plus, les Japonais n’aiment pas se mettre en avant.
Ensuite je vois une raison de société. Nous voyons l’anglais EFL (English as a foreign language): c’est la langue des autres, pas pour la vie de tous les jours. Mais beaucoup de pays voient l’anglais ESL (English as a second language). C’est la langue pour une société cosmopolite.

Avez vous de l’espoir ?
En vingt ans les priorités mises sur la grammaire et la traduction ont été remises en question au profit de la communication par le ministère de l’Education. Nous avons longtemps été prisonniers du débat « perfection ou expression ». Aujourd’hui, le ministère demande aux élèves d’avoir un anglais facile d’emploi.
Les manuels scolaires d’anglais aujourd’hui sont couverts de dialogues, selon une conception pratique du langage. Depuis 2013 le ministère exige que les cours d’anglais soient en anglais. Aux examens d’entrée en lycée et université, on inclut désormais un test d’écoute.
Les changements vont s’accélérer sous deux maîtres mots : les JO et la mondialisation. Vers 2020, l’anglais deviendra une matière dès 10 ans, et sera un sujet secondaire dès 8 ans. Les examens d’entrée à l’université évalueront l’expression orale. Le TOEFL sera reconnu par le système scolaire. D’autre part, le gouvernement veut dix universités japonaises parmi les cent meilleures mondiales d’ici 2020, et accueillir 300.000 étudiants étrangers.
Enfin, la mondialisation a fait naître leglobish, anglais de communication de ceux dont la langue maternelle n’est pas l’anglais. Il y a 400 millions d’anglophones de naissance, sur 2 milliards d’anglophones. On dit que 1500 mots d’anglais suffisent pour communiquer. L es Japonais maîtriseront bientôt l’anglais d’usage.

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