Des jumeaux si différents
À quoi servent les jumelages entre collectivités locales françaises et japonaises ?
À ma droite : Reims, forte de 183.042 habitants, cité des sacres et des rois, mondialement célèbre pour sa cathédrale et le champagne qu’on produit alentour. À ma gauche : Nagoya, troisième ville du Japon, poumon industriel de l’Archipel, berceau des industries aéronautique et automobile. Deux villes totalement différentes, qui pourtant ont officialisé leur jumelage le 20 octobre. Une exception ? Plutôt un exemple. Les collectivités locales françaises et japonaises qui décident un jour de convoler n’ont souvent pas le même profil. Mais l’amour n’est-il pas mystérieux ?
Cités Unies France, l’organisation en charge des jumelages entre collectivités territoriales françaises et le reste du monde, en dénombre 91 avec le Japon, dont 70 avec des villes (de son côté CLAIR, l’équivalent nippon de Cités Unies France, en dénombre 50). "La moitié sont dormantes, souvent en conséquence d’une alternance politique côté français" reconnaît un connaisseur de ces partenariats.
La plupart des jumelages forment, quand on connaît les deux pays, des attelages étranges. Parfois les villes sont d’importance très différente : Nagoya/Reims mais aussi Tours/Takamatsu ou Aix-en-Provence/Kumamoto. Ce qui crée un certain déséquilibre car les villes japonaises ont beaucoup plus de moyens que les villes françaises, et envoient donc des délégations beaucoup plus souvent en France que l’inverse.
Comment se nouent ces partenariats ? Souvent, la culture ou l’histoire servent de trait d’union. Reims et Nagoya, par exemple, ont le peintre français d'origine japonaise Tsuguharu Leonard Foujita, qui repose dans la chapelle éponyme qu’il a fait bâtir à Reims, pour les unir. Un entrepreneur rémois, Alfred Gérard, fut par ailleurs le 32e étranger à débarquer à Yokohama en 1863 ; il a ramené de sa vie au Japon une collection d’objets d’art japonais légués à sa mort à la ville de Reims. Beaucourt, elle, est jumelée avec Sefuri (sud du Japon) : André Japy, un célèbre aviateur originaire de cette ville du Territoire de Belfort, a rallié en 1936 le Japon en 75 heures et 15 minutes avant de s’écraser sur le mont Sefuri... et d’être recueilli par ses habitants pendant six mois.
Certains ont d’authentiques affinités : comme le village d’Oshino, dans le département viticole de Yamanashi, jumelé avec le village bourguignon de Charnay-les-Mâcon, dont l’eau de source est le vin Mâcon Villages ; ou encore les villes d’eaux Évian-les-bains et Izumo. Ou enfin les villes de montagne Chamonix et Fujiyoshida.
D’autres associations ne sont pas tant des jumelages qu’une porte d’entrée vers le pays d’accueil.