Indicateurs
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Dans son étude, The future of Japan, McKinsey étale une batterie impressionnante d'indicateurs montrant les obstacles qui attendent le Japon : une chute de la population active (de 79 à 71 millions) d'ici 2025 combinée à une chute de la productivité qui a démarré voilà vingt ans. La bonne nouvelle ?
« Le Japon peut atteindre 50 à 70 % de ses objectifs de productivité en appliquant simplement les recettes qui existent déjà », expliquent les auteurs. Les progrès à faire sont essentiellement dans quatre secteurs :
le secteur manufacturier, la distribution, les services financiers et la santé. La situation démographique du Japon, enfin, est telle que le pays a peu à craindre de la concurrence des robots qui, dans les autres pays industrialisés (comme les États-Unis ou la France), s'apprêtent à faire des ravages.
+4.3
Le salaryman est bien le dindon des Abenomics. Tout conspire à faire reculer les salaires, estime Hiromichi Shirakawa, de Crédit Suisse. Certes, les entreprises se portent bien. La productivité augmente. Le prix des matières premières chute et les exportations repartent. Tous ces facteurs ont amélioré les marges des sociétés japonaises. Mais le salaire des cadres, lui, stagne. « Nous assistons à un transfert des revenus des cadres vers les entreprises. Celles-ci profitent de la conjoncture, mais elles rechignent à en faire profiter leurs salariés » analyse l'économiste. Il appelle cette pingrerie « le ratio pessimisme », qui conduit les entreprises à faire preuve de prévoyance même quand l'économie se porte bien pour préparer les coups durs.
On pourrait croire que la panne démographique du Japon pousse les salaires à la hausse. Il n'en est rien, selon Hiromichi Shirakawa : le Japon n'est pas en situation de sous-emploi, mais de déséquilibre entre la pénurie de main d'œuvre dans le secteur des services et le trop plein dans le secteur manufacturier. D'autre part, le vieillissement de la population active, dont le salaire baisse brutalement vers la soixantaine (après un pic entre 50 et 54 ans), joue à long terme contre la hausse des rémunérations. Un travailleur était âgé en moyenne de 41 ans en 1980 ; aujourd'hui, il a 45,3 ans.
« Bien que nous n'écartions pas totalement la possibilité d'une hausse des salaires cet été, nous devrions assister finalement à une hausse des ventes des entreprises et de leur épargne, ce qui devrait soutenir les cours de la Bourse, sans qu'il y ait la moindre amélioration matérielle au pouvoir d'achat des ménages », conclut l'économiste.
3%
Les mariages mixtes au Japon ne représentent que 3% du total. En dix ans, ils ont chuté de moitié. La raison : le durcissement des conditions d'obtention des visas, en particulier pour les personnes de nationalité philippine. 80% des épouses étrangères au Japon proviennent de trois pays seulement : la Chine, la Corée du Sud et les Philippines.
Hausse
Le gouvernement Abe a au moins réussi à introduire de l'inflation dans un secteur de l'économie : l'agroalimentaire. Les prix de l'alimentation ont augmenté de 4,1% au second semestre 2014 (dernier chiffre connu) en glissement annuel, selon le ministère de l'Intérieur. L'indice des prix sur ce secteur est en hausse continue depuis 2012, année du retour au pouvoir de Shinzo Abe. Mais tous les commerces ne sont pas égaux face à l'inflation. Les grossistes ont augmenté leurs prix davantage que les restaurants et les magasins. Ces derniers observent que l'inflation a un rôle direct dans la baisse de leurs ventes. Pire encore : la valse des étiquettes dans les supermarchés a un impact sur la consommation globale, observent les économistes, car elle réduit le budget disponible pour d'autres activités.
-2H
Le Japon patrie des lève-tôt. Le Premier ministre Shinzo Abe a imposé de nouveaux horaires à l'administration centrale nippone : désormais, les fonctionnaires commenceront leur journée de travail entre 7h30 et 8h30, soit deux heures plus tôt qu'aujourd'hui, pour terminer entre 16h15 et 17h15. Le monde politique se joint à l'effort collectif : les députés de la majorité ne posent désormais plus de questions à l'administration après six heures du soir.