Interview

Le "meilleur pâtissier du monde", né au Japon, déroule cette année un ambitieux programme d’ouverture de nouvelles boutiques et de rénovation des anciennes. Sa cheville créative Richard Ledu répond aux questions de FJE de son comptoir d’Aoyama-Dori.

Vous venez de rouvrir votre boutique d’Aoyama, entièrement repensée. Décrivez-la.

Je fais tourner les gâteaux sur les présentoirs. J’ai installé une bibliothèque et un espace d’exposi­tion temporaire. J’ai porté un soin extrême à la musique : j’ai installé des casques audio haute fidélité en vitrine pour que les clients qui dégustent une pâtisserie vivent une expérience. J’ai fait attention à la lumière qui est sou­vent trop forte, brûlante, au Japon. Les commandes sont prises par Ipad. Il n’y a plus de caisse enregistreuse. Les serveurs sont en polo Lacoste et en baskets pour faciliter les échanges avec les clients...

Où en est le luxe au Japon ?

Ce que nous avons créé il y a vingt ans n’est plus en phase avec les modes de consommation actuels. Nous devons changer de système même si c’est très difficile. Alors j’essaie de changer de concept.
Aujourd’hui il faut un rapport hu­main, une histoire. Les questions de la clientèle aujourd’hui sont : "D’où viennent les produits ?" "Qui les a fabriqués ?"... Il faut surprendre les clients. Il y a un rejet de la marque. Les logos ont disparu. Le matériau est devenu plus important. Le luxe ne s’incarne plus dans des objets mais dans des traitements : une séance dans un spa, une nuit d’hôtel, un voyage... Apple ne vend pas de l’élec­tronique mais une expérience. Il vend du luxe "abordable". On aime rentrer dans un Apple Store. C’est le magasin le plus occupé d’Omotesando...

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