Iphone : le Japon s'applique

Les développeurs japonais prennent le contrôle du marché des « apps »

Historique
En octobre 2012, pour la première fois dans la jeune histoire du marché des “applications” pour appareils Android, les Etats-Unis ont perdu leur titre de pays le plus gourmand de la planète. Depuis cette date, les développeurs proposant leurs programmes sur Google Play génèrent, chaque mois, plus de recettes au Japon que dans n'importe quel autre pays de la planète. Sur l'AppleStore, où les propriétaires d'iPhones et d'iPad achètent leurs applications, le marché japonais est désormais à la seconde place derrière les États-Unis mais il enregistre une croissance bien plus rapide que celle mesurée en Amérique du Nord et pourrait rapidement s'imposer, sur cette plateforme aussi, en tête du palmarès.
Portés par cet appétit exceptionnel des consommateurs nippons pour des applications payantes, des développeurs informatiques japonais, parfois totalement inconnus en Occident, sont entrain de s'imposer comme les leaders mondiaux du monde des « apps ». Ces groupes n'apparaissent pas dans les listes des applications les plus téléchargées au monde, où figurent les grands classiques Facebook, AngryBirds ou WhatsApp, mais parviennent par contre, beaucoup mieux que leurs concurrents occidentaux, à monétiser leurs programmes.
Dans le classement des développeurs générant le plus de revenus dans le monde sur Google Play, réalisé par le cabinet d'études AppAnnie, les Japonais occupent quatre des cinq premières places. Seul le sud-coréen NHN, qui tire d'ailleurs une partie de ses revenus de sa filiale japonaise opérant Line, devance actuellement les opérateurs nippons DeNa, GungHo, Gree et COLOPL. Dans le classement des développeurs générant le plus de recettes sur la plateforme iOS d'Apple, trois groupes japonais – Gree, GungHo et Square Enix - se positionnent parmi les dix premiers. « On assiste clairement à un basculement du pouvoir vers l'Asie de l'Est », expliquent les analystes d'App Annie, qui pointent aussi la bonne performance des développeurs sud-coréens.

À l'Ouest rien de nouveau
Dans le top 10, des développeurs sur Google Play, seul un occidental - Gameloft - parvient à se glisser entre les sociétés japonaises ou sud-coréennes.
Pour expliquer ce succès, les experts pointent la popularité au Japon et en Corée du Sud des applications freemium. Ces programmes sont téléchargés gratuitement, mais la plupart de leurs extensions sont payantes. L'utilisateur va ainsi pouvoir jouer sans débourser un yen mais il devra, s'il veut accéder à un niveau supérieur, ou s'il veut enrichir les capacités de son personnage, dépenser régulièrement 200 ou 300 yens. Sur le magasin Google Play, utilisé par les utilisateurs de smartphones Android, un système proposant d'intégrer les achats d'applications à la facture téléphonique semble aussi faciliter la dépense. Plus que sur les autres continents, cette consommation est d'ailleurs concentrée sur des achats de jeux. Au Japon, 88 % des revenus des éditeurs présents sur Google Play proviennent de ce type de programmes. En Occident, cette proportion est plus proche des 60%.

Face à l'émergence de ce considérable marché des applications dans l'Archipel, les grands opérateurs télécoms sont obligés de revoir en profondeur leurs stratégies. Pendant longtemps, ils ont contrôlé l'intégralité de la vente de contenu passant sur les feature phones que les groupes électroniques concevaient souvent en collaboration avec eux. Désormais, ils se retrouvent obligés de vendre des smartphones « universels » utilisant des magasins de contenus indépendants sur lesquels ils n'ont pas de prise. Selon AppAnnie, les “feature phones” devraient même disparaître d'ici cinq ans du marché nippon pour être remplacés par des smartphones opérant sous Android ou iOS.

Ayant fait le pari de l'iPhone, Softbank et KDDI soutiennent le développement de l'Apple Store au Japon, car cette croissance de la vente de contenu peut les aider à gagner des parts de marché sur DoCoMo qui a, pour l'instant, refusé de vendre l'appareil d'Apple. Le grand leader historique du secteur propose, lui, des appareils Android, mais tente de pousser un écosystème concurrent à celui de Google Play. Il propose ainsi, avec dmarket, sa propre plateforme de vente de contenu et d'applications, et multiplie les partenariats avec des développeurs pour proposer à ses clients des programmes originaux. Il y a quelques jours, il a ainsi été le premier à mettre en vente une application de la société Optim qui permet, pour 500 yens par mois, aux parents de contrôler à distance l'utilisation des smartphones de leurs enfants. Ils peuvent ainsi vérifier que leur progéniture ne joue pas à AngryBirds à l'heure d'un cours de math, et éventuellement bloquer temporairement l'usage de jeux ou d'autres services sur le téléphone mobile des fautifs. Amis parents...

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