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Itinéraires singuliers – Créer un rhum au Japon quand on n’est pas distillateur : il l'a fait ! Le parcours de François Combes installé à Okinawa

Podcast Itinéraires singuliers – Créer un rhum au Japon quand on n’est pas distillateur : il l'a fait ! Le parcours de François Combes installé à Okinawa

Itinéraires Singuliers consacre cet épisode à François Combes - fondateur de Nagura - et à ce que son parcours révèle de l'entrepreneuriat artisanal au Japon, dans l'archipel d'Okinawa où tradition agricole et innovation se rencontrent.

Pharmacien de formation, arrivé au Japon dans les années 90 pour un lancement produit, François n'avait pas prévu d'y rester. Mais l'opportunité se transforme en ancrage. Carrière en laboratoires, distribution, pharmacies, puis immobilier : à chaque étape, le même réflexe - observer les ouvertures, y entrer, apprendre en marchant.
C'est l'immobilier qui finit par le mener à Ishigaki, perle d'Okinawa, archipel agricole et maritime tourné vers la canne à sucre, le wagyu et une ruralité farouchement protégée. Là où d'autres voient les contraintes d'une île isolée, lui perçoit une évidence : après le whisky et le gin japonais, pourquoi pas un rhum japonais, enraciné dans le terroir d'Ishigaki ?

Sa méthode est directe et assumée : se lancer, apprendre en faisant, résoudre un problème par jour.
Trouver des terres quand on n'est pas agriculteur, convaincre la mairie et la préfecture, décrocher les licences alcool et agricoles, importer les équipements et prouver leur conformité sanitaire. Tisser des liens avec les cultivateurs, écouter avant de parler, se faire accepter.
Plutôt que de racheter l'existant, il construit sa propre distillerie. Deux ans plus tard : première production, et un verdict sans détour - « C'est bon. »

Nagura revendique une identité japonaise claire. Canne sélectionnée localement et résistante aux typhons, coupe à la main pour éviter les fermentations indésirables, pressage immédiat, distillation confiée à un spécialiste issu du whisky japonais pour viser la précision plus que l'effet. Rien ne se perd : les feuilles hautes et la bagasse repartent chez les éleveurs, la vinasse sert d'amendement. Peu de plastique, pas de boîte, étiquettes japonaises.
Une petite équipe de cinq à six personnes, incluant une unité locale de travailleurs handicapés pour le pressage - manière concrète de « rendre à l'île ».

Côté marché, François choisit le circuit court et dense : d'abord Ishigaki, puis Miyako et Okinawa, avant quelques adresses choisies à Tokyo, Kyoto et Osaka. L'objectif : une marque premium qui s'impose par la dégustation, les visites de distillerie et la recommandation des bartenders.
Les retours ? Des connaisseurs qui parlent d'excellence, et même une médaille d'or à Londres dès la première cuvée. Le pari n'est pas d'inonder Internet, mais d'asseoir une réputation solide auprès des bars, hôtels et restaurants capables d'expliquer l'origine et la précision du geste.

L'épisode casse au passage quelques clichés. Monter une société au Japon n'est pas l'obstacle le plus haut. Les vraies marches sont la banque locale qui prend son temps, la logique administrative des licences, et le respect strict des zones agricoles.
La clé, selon François, n'est pas une carte de visite française brandie comme sésame, mais la constance : parler japonais, être sur le terrain, accepter la lenteur initiale, livrer à l'heure, écouter les critiques. Et viser la perfection opérationnelle à chaque étape - de la coupe jusqu'au vieillissement en fûts de bourbon, de whisky japonais ou, plus rare, en chêne mizunara quand cela fait sens écologiquement.

Le tournant décisif survient quand les bars d'Ishigaki commencent à adopter le rhum.
« C'est leur rhum, le rhum de l'île », dit François. Cette reconnaissance locale change tout : Nagura n'est plus perçu comme le projet d'un Français, mais comme une fierté insulaire, un produit né de la terre et porté par ceux qui la vivent. Ce sentiment d'appropriation devient à la fois le meilleur bouclier contre l'échec - car l'île le soutient - et le tremplin naturel vers Tokyo, où l'authenticité d'un rhum validé par son territoire suscite la curiosité.

Et la suite ? Consolider l'ancrage à Okinawa, étendre posément au Japon, ouvrir des fenêtres export quand le stock vieilli le permettra. Toujours avec le même credo : réussir d'abord là où l'on est.
L'épisode devient alors un mode d'emploi pour entreprendre au Japon hors des mégapoles : choisir un territoire, s'y insérer humblement, respecter les réseaux, accepter l'exigence locale et tenir la promesse produit.

Ce n'est pas seulement l'histoire d'un spiritueux. C'est celle d'un transfert de savoir-faire, de la pharmacie à la distillation, et d'un apprentissage collectif où agriculteurs, ouvriers, bartenders et visiteurs façonnent la marque autant que son fondateur.
Si vous aimez les récits où la qualité prime sur le volume, où l'on vend sans se renier, et où une île façonne un goût autant qu'un projet, lancez l'épisode.
Découvrez comment François Combes a bâti Nagura et ce que cela dit de l'entrepreneuriat artisanal au Japon aujourd'hui.


Ishigaki Distillery : https://ishigaki-distillery.com/our-rum/ 

Instagram : https://www.instagram.com/ishigakidistillery/

🎧 Visionnez l’épisode complet d’Itinéraires Singuliers : De Paris à Fukui : l’odyssée de Virginie, créatrice qui fait rimer art et mode au Japon sur Youtube

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Ce podcast est réalisé en collaboration avec Anna

Cet épisode a été réalisé en live lors de notre événement de lancement le 9 octobre

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