Japon/UE : Le prix de la victoire

Les négociations Japon-Union Européenne pour un traité de partenariat économique sont à un moment critique

Une idée simple et forte
Japon-Europe, round 10 ! Déçus par les atermoiements interminables des administrations, lassés par les propositions de « dialogues » sans résultats concrets, les représentants de la communauté d’affaires européenne au Japon, en accord avec l’industrie japonaise, confrontée elle-même à des problèmes tarifaires, avaient émis dès 2005 une idée simple et forte : accepter les normes japonaises comme valides pour le marché européen, et réciproquement. Depuis que les négociations ont commencé en mars 2013, les deux parties se sont rencontrées dix fois.
Où en sommes-nous ? Les nombreux groupes de travail des deux camps se rencontrent formellement, alternativement à Bruxelles et Tokyo, et continuent souvent leurs discussions activement par Skype ou téléconférence. Après deux ans de pourparlers, ils ont réalisé des progrès incrémentiels sur de multiples sujets secondaires mais les grands sujets (accès au marché, appellations géographiques d’origine, barrières non tarifaires...) ne progressent guère. Sous la pression japonaise, le champ des négociations s'est énormément restreint en deux ans, de 200 sujets à 70 sujets, puis 45 sujets environ aujourd'hui.

Une date difficile à respecter
La signature du traité, programmée pour fin 2015, apparaît plus que jamais difficile à atteindre. Le gouvernement Abe insiste très lourdement pour que ledit traité soit signé en temps et heure, renvoyant les questions importantes aux calendes grecques. « Le représentant du METI martèle nen-nai, nen-nai (« cette année!»), sans jamais expliquer ce qui justifie cette exigence », s'étonne un acteur des négociations. Le Japon souhaite un abaissement des barrières tarifaires européennes en échange d'une disparition progressive des barrières non-tarifaires au Japon. Les négociateurs européens, soucieux de ne pas échanger la proie pour l’ombre, préfèrent à l'inverse assister à la disparition des barrières non-tarifaires avant de s'attaquer à leurs tarifs douaniers.
L'état d'avancement des négociations varie selon les domaines. Dans le domaine pharmaceutique, la partie japonaise se montre très flexible puisque qu'elle a accepté les produits venant de chacun des 28 membres de l’Union. Mais dans le domaine agricole, les pourparlers patinent, prenant directement ombrage des discussions avec les États-Unis concernant le traité TPP (Trans-Pacific Partnership) négocié en parallèle. Les questions douanières se heurtent aux problématiques spécifiques à chaque ministère (agriculture, santé publique...). D'autres produits (le bois, les produits de la pêche, le cuir et les chaussures) ne sont même pas négociés.
Pour les appellations d’origine, le Japon refuse de traiter le problème dans le traité et veut le traiter suivant son système propre. Il penche vers la philosophie américaine qui reconnaît des « marques » plutôt que des appellations d'origine. Sur le thème des investissements, il y a eu des progrès sur les définitions, mais peu sur le contenu. Pour les marchés publics enfin, la négociation a surtout porté sur les chemins de fer. Le Japon souhaite ne traiter que sur les compagnies à caractère public alors que le Japon compte plus de 200 opérateurs de chemin de fer privés.

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