Je compte jusqu’à six

G6, le grand magasin le plus ambitieux de l’histoire du pays, ouvre ses portes

Fin février, Tokyo. "Je monte souvent au dernier étage d’Uniqlo à Ginza ; on y a une magnifique vue plongeante sur l’intérieur de G6 !" s’amuse cet analyste "distribution" avec les yeux d’un gamin devant un paquet de bonbons. Comme toute l’industrie du luxe, l’homme attend avec impatience l’ouverture le 20 avril du plus grand magasin jamais ouvert dans l’Archipel. Sur les décombres de Matsuzakaya, le premier grand magasin du quartier, Yoshi Taniguchi a imaginé G6. Un monolithe de 148.000 m2 et 19 étages (dont 6 sous terre) juste assez haut (56 m) pour se conformer à la hauteur réglementaire du quartier. L’intérieur est signé Gwenaël Nicolas. Sa façade "économe" (c’est le mot), dans l’austérité de l’architecture traditionnelle japonaise, masque des enjeux complexes.
G6 aura 241 boutiques (dont 122 vaisseaux-amiraux pour le Japon et 11 nouvelles marques). Celles-ci sont coiffées par six étages de bureaux. "La vraie nouveauté est là, observe notre analyste. C’est un vrai changement de modèle. Partout au Japon le department store est un concept qui souffre, avec des marges très basses, qui à lui seul n’attire plus les investissements.
Les grands magasins en centre-ville s’en sortent, mais ceux dans le Japon périphérique sont sinistrés. Avec des bureaux, la formule devient beaucoup plus rentable". G6 doit aussi réunir touristes et locaux. La gare routière pour bus qui faisait encore défaut à Ginza, provoquant chaque jour des attroupements monstres vers Ginza 1-chome, sera dans le sous-sol de G6. La foule joyeuse, pressée et bariolée, de visiteurs souvent ici pour quelques heures, devra faire bon ménage avec la clientèle locale traditionnelle. Enfin il faudra que ce hardware, si élégant soit-il, soit animé par un software encore à définir. Hiroshi Sugimoto, Teamlab, Yayoi Kusama sont quelques-uns des grands noms de l’art contemporain venus insuffler de l’âme dans les allées de G6. Pour l’instant, hormis le théâtre Noh du sous-sol, la programmation d’événements demeure secrète. Les patrons des marques présentes assurent y travailler. 

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