La guerre des prix aura bien lieu

La guerre des prix aura bien lieu

-40% ! C'est la chute des tarifs téléphonique attendue au printemps. Explication

Le 21 août dernier, le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga stupéfiait le pays en dénonçant l'oligopole formé par les trois opérateurs intérieurs de télécommunications. Il estimait que les forfaits payés par les Japonais sur leurs abonnements mobiles pouvaient baisser « jusqu'à 40% ». Une attaque frontale sur un secteur industriel entier, dont on cherche en vain une réplique sur d'autres secteurs dont les quelques acteurs pratiquent des prix élevés pour les mêmes raisons (électricité, ferroviaire, banque...). Et une attaque qui a rapidement atteint sa cible. Le 31 octobre, l'opérateur dominant NTT Docomo annonçait une baisse de tarifs « entre 20 et 40% » dès le printemps suivant. Ce alors que le géant du commerce en ligne Rakuten s'apprête à lancer sa propre offre, qu'il annonce 30% moins chère que la concurrence, en octobre. Softbank et KDDI n'ont pas d'autre choix que de s'aligner. La guerre des prix aura bien lieu dans la téléphonie mobile au Japon.

UNE GUERRE JUSTE

L'ire du tout-puissant Yoshihide Suga a de nombreuses causes. La première est qu'elle est parfaitement logique. Les abonnés japonais du téléphone tolèrent des conditions tarifaires à un niveau presque unique : selon l'OCDE, ils paient les factures les plus chères au monde après les abonnés américains. Selon les derniers chiffres du ministère des Télécommunications, un foyer de deux personnes ou plus dépense 14.725 yens par mois pour ce poste, soit l'équivalent de son budget santé ou habillement. Sans parler des conditions léonines des contrats d'abonnement, qui semblent avoir été rédigés selon la boutade : « si vous avez compris, c'est que ça a été mal rédigé ».

Même les opérateurs d'électricité nippons, souvent accusés de pratiquer des tarifs élevés, rétorquent qu'ils sont peu chers en regard des tarifs de télécommunication pratiqués au Japon. Une autre raison du coup de sang de Yoshihide Suga est que l'Archipel se croit comme d'autres pays développés à l'aube de la révolution de la 5G, où les communications seront transmises à une vitesse inouïe. Ce nouveau bond en avant ne saurait être gêné par des tarifs trop élevés entre abonnés, raisonne le gouvernement.

D'autres raisons sont plus prosaïques. « La base politique de Shinzo Abe, les jeunes, lui sera très reconnaissante d'avoir baissé son principal poste de dépenses. D'autre part les opérateurs ne font pas de donations au parti Libéral Démocrate ; c'est peut-être une manière de les y inciter... », s'amuse un haut fonctionnaire japonais. « Cette guerre arrive à un mauvais moment. La mise en place de la 5G nécessite des dépenses d'infrastructure énormes. Ce n'est pas le moment de frapper au portefeuille ceux qui les financent et les installent », commente un industriel du secteur. 

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