« La traçabilité, souci constant » (Pernod Ricard)

Le représentant de Pernod Ricard, Jean-Étienne Gourgues, nous détaille ce qu'il aimerait voir changer au Japon.

Pourquoi la traçabilité est-elle un enjeu particulier au Japon pour vos produits ?
Dans la chaîne de distribution de nos produits, des importateurs ou des distributeurs japonais qui ont bénéficié de conditions d'achat particulières ne veulent pas qu'on connaisse l'origine de leur approvisionnement, et effacent des données fondamentales de sa traçabilité. La loi japonaise les y autorise. Dans l'OCDE, seulement trois pays, dont le Japon, ont une telle tolérance. C'est une épée de Damoclès permanente sur nous. S'il y a un incident de malveillance sur un produit, je devrai retirer de la vente l'intégralité de la marque au Japon. C'est ce qui est arrivé à Perrier aux États-Unis ; il ne s'en est pas relevé. Mais il y a eu récemment des scandales liés justement à la traçabilité de produits japonais dans les grands magasins japonais, qui les pousseront peut-être à agir. Jusqu'à maintenant, côté japonais, ça n'était pas perçu comme une priorité.

Les indications géographiques ont-elles un avenir au Japon ?
Les indications géographiques à la française permettent de lier une production à une méthode, un lieu et des ingrédients. En France, le terroir est une partie de la qualité dégustative des produits. Au Japon, pas vraiment. Le « bœuf de Kobé » est une marque ; il ne doit pas venir de Kobé pour s'appeler ainsi ! Mais Kyoto, par exemple, a une lumière, une eau de rivière, une humidité qui sont capitales pour ses produits, et les autorités locales sont sensibles à cette idée.

Pourquoi faire des taxes sur le vin, plutôt faibles, un enjeu de négociation ?
Les taxes sur le vin sont certes peu élevées et touchent peu les vins haut de gamme qui forment une partie de l'offre française. Mais elles sont très lourdes sur les vins français d'entrée de gamme. Les vins chiliens ne sont plus taxés ainsi grâce à un accord commercial signé avec le Japon, et prennent des parts de marché aux vins européens et singulièrement français. Cette taxe devrait, logiquement, être supprimée en contrepartie d'un abandon des taxes à l'importation de saké qu'appliquent les partenaires commerciaux du Japon.

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