L'automobile en partage
L’automobile en partage
Renault et Nissan s’allient dans l’autopartage
Dès avril prochain, en région parisienne, les conducteurs pourront pour la première fois au monde tester une nouvelle forme d’auto-partage conçue par l’alliance Renault-Nissan. Ils pourront acheter en copropriété un nouveau modèle de Nissan Micra Acenta avec une communauté d’utilisateurs dont les besoins automobiles auront été identifiés comme complémentaires. “Un algorithme va assembler des propriétaires ayant des besoins de conduite compatibles afin d’arriver à une utilisation de 100% du véhicule”, explique Nissan, qui proposera à ces copropriétaires de géolocaliser en direct leur voiture sur leur smartphone et de suivre sa disponibilité par le biais d’une plateforme numérique.“Nous devons préparer un futur où les usages automobiles seront plus flexibles, sociaux et partagés”, a justifié Carlos Ghosn. Le PDG de l’alliance pousse son groupe à se réinventer rapidement pour intégrer les nouveaux modes de mobilité, sur lesquels les géants de la high-tech, tels qu’Apple ou Google, déjà maîtres des appareils mobiles, cherchent aussi à se positionner.
Pour accélérer cette mutation, l’alliance vient de créer une nouvelle division chargée de concevoir les futurs services embarqués des voitures connectées du groupe. Ogi Redzic, ex-ingénieur passé par Nokia et Motorola, a été nommé à la tête de l’entité pour injecter du sang neuf dans cet effort. “Nous voulons devenir l’un des leaders dans cette ère de bouleversement de l’industrie automobile”, explique Ogi Redzic. Il veut que Nissan et Renault gardent la main sur les plateformes de services qui équiperont les véhicules du futur et où se concentrera une large partie de la valeur ajoutée de l’industrie.
Printemps précoce
Depuis le printemps, Ogi Redzic a recruté 300 personnes chez Renault et 300 chez Nissan pour animer cette division. Il a également engagé des talents venus d’autres horizons.Des spécialistes de télématique, de cybersécurité et des programmeurs. À Tokyo, l’Alliance va ainsi installer ses équipes de développement de logiciels à Naka-Meguro pour encourager un esprit plus “startup”. En France, des bureaux seront installés tout près de Paris. “Nous serons bientôt un millier à travailler sur ces enjeux. Je veux leur donner un espace permettant de réinventer les règles de la mobilité”, dit-il.
Ces unités devraient alimenter le lancement par l’alliance d’au moins dix véhicules connectés d’ici 2020. “Nous avons besoin d’une plateforme commune, gérée dans le cloud, pour toutes nos voitures”, insiste Ogi Redzic, rappelant que chaque marque avait jusqu’ici poussé des services connectés distincts. Renault proposait le système R-Link quand Nissan travaillait sur Nissan Connect.
Encore discret sur le contour exact de ces futurs services, Nissan et Renault évoquent une gestion à distance des pannes éventuelles à bord des véhicules connectés, le repérage de voitures volées, de nouveaux services d’autopartage ou la personnalisation des offres de divertissement dans l’habitacle. “Nous n’allons toutefois pas construire toute l’architecture seul. Cela n’aurait pas de sens”, précise le patron de la nouvelle division. “Nous allons multiplier les partenariats”.
Renault et Nissan ont déjà confié la gestion de leurs plateformes cloud à Microsoft Azure, qui travaille aussi avec d’autres grands constructeurs. Le groupe se dit aussi ouvert à des co-développements avec des start-ups et même à d’éventuelles acquisitions de sociétés disposant d’une compétence originale.