Le départ est donné

Sports : les dieux du stade

La plus grande ville du monde sera le centre de la curiosité mondiale jusqu'à la cérémonie de clôture de la XXXIIe olympiade en août 2020. l'occasion de revenir sur les pratiques sportives des japonais.

Le départ est donné

Après un faux départ, le comité organisateur a déjà réuni les fonds pour l’événement

Né prêt
Depuis qu’elle a obtenu l’organisation des Jeux Olympiques en 2020 Tokyo n’a pas été épargné par les scandales et les crises. Le Premier ministre Shinzo Abe a brutalement annulé le stade olympique pharaonique inventé par Zaha Hadid pour le remplacer par un ouvrage, plus « modeste », de Kengo Kuma. Cette décision a privé la coupe du Monde de Rugby 2019, qui doit aussi avoir lieu au Japon, de stade et a un temps menacé le modèle économique de toute la manifestation. Politiquement, Tokyo a épuisé deux gouverneurs, partis dans le scandale, depuis que le CIO lui a accordé les Jeux en septembre 2013. Le logo a dû être changé après des accusations de plagiat. Et la procédure d’attribution des J.O. fait actuellement l’objet d’une enquête du parquet financier de Paris pour des soupçons de corruption. Sans oublier l’explosion du budget de la manifestation (selon les dernières estimations, il coûte déjà six fois plus que prévu). Et les scandales de dopage qui continuent à miner le mouvement olympique mondial. Les critiques des Jeux ne vont cesser d’augmenter jusqu’en 2020.
Parallèlement, méthodiquement et discrètement, le comité olympique japonais a pourtant réussi une extraordinaire campagne de levée de fonds. « Plus de quatre ans avant la cérémonie d’ouverture, ces J.O. ont déjà quarante sponsors de catégorie “partenaires”. C’est du jamais-vu ! » se félicite un proche de Tokyo2020, le comité d’organisation japonais.

Sponsors concurrents
Tokyo 2020 a même réussi à rallier des entreprises concurrentes entre elles - une hérésie pour les stratèges publicitaires du reste du monde. Ainsi trouve-t-on parmi eux deux compagnies aériennes nationales (ANA et JAL), deux banques, deux compagnies d’assurances, trois agences de voyages...
L’agence Dentsu, en charge du marketing de la manifestation, a coupé en des tranches les plus fines possibles le “gâteau” olympique, multipliant les catégories les plus saugrenues pour y rallier des entreprises qui a priori n’ont pas grand-chose à voir avec le sport : ainsi Ajinomoto est-il le partenaire condiments de Tokyo 2020, tandis que Nisshin est son partenaire nouilles industrielles et le fabricant de matelas Airweave le partenaire lits et literie. « Grâce à sa recherche intensive sur l’importance du sommeil, en particulier pour les athlètes, Airweave est devenue l’une des entreprises majeures au Japon pour des solutions de repos » a déclaré, inspiré, le président du Comité Olympique Yoshiro Mori pour saluer ce dernier ralliement.
Beaucoup d’entreprises étrangères estiment que le coût de sponsoring est devenu trop élevé (c’est le cas d’Adidas par exemple). Pourquoi les entreprises japonaises se sont-elles mobilisées avec une telle ferveur pour les JO de 2020 ? Au Japon les entreprises ont un rôle essentiel dans le financement et l’organisation du sport : ce sont elles qui organisent les ligues sportives, financent les équipes et les joueurs, parfois jusqu’à intégrer ces derniers parmi leurs employés pour leur assurer une reconversion et des vieux jours confortables une fois leur carrière finie. D’autre part, les J.O. de 1964 ont fait une très forte impression sur la génération qui, aujourd’hui, est au pouvoir dans l’Archipel. « Dentsu n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre les chefs d’entreprise, qui pour beaucoup gardent un souvenir des J.O. de 1964, à contribuer financièrement à Tokyo2020 », explique un proche du Comité.

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