Les mains dans le charbon
Le Japon relance les centrales à charbon. Dans l’incrédulité générale
C’était la risée de la COP21 à Paris en 2016. La ministre de l’Environnement japonais Tamayo Maruyama courait désespérément les micros pour tenter de défendre la position originale de son gouvernement : promouvoir le « charbon propre », l’oxymore du secteur tant sa nocivité est avérée. Le Japon croit dans les solutions de CCS (carbon capture and storage), qui permettraient de « séquestrer » géologiquement les émissions de CO2, sous terre par exemple. Mais quels riverains accepteraient de telles réserves de pollution ? Pourquoi le charbon ? Les Japonais ont eu beaucoup recours à cette énergie pour compenser l’arrêt de son parc nucléaire en 2011. Comme tout le monde, est-on tenté de dire. « Soyons réalistes, avertit le professeur Takeo Kikkawa, de l’université Rikadai : l’énergie dans le monde provient à 40% du charbon. En Inde ce ratio grimpe à 70%, en Chine à 60%, aux États-Unis et en Allemagne à 40% ».
PIS-ALLER
Outre un pis-aller, les Japonais voient dans les centrales à charbon un savoir-faire à exporter, en particulier à destination des pays pauvres, pour qui les énergies renouvelables sont un luxe de pays développé.
« Pour dépolluer, pourquoi ne pas allumer des centrales thermiques moins polluantes comme celles qui existent au Japon ? De la sorte, nous réduirons les émissions polluantes de la planète bien davantage que les 26% pour lesquels nous nous sommes engagés lors de la COP21. Si vous avez une solution propre pour soutenir la croissance des pays en développement au même coût que le charbon, nous sommes preneurs…», raille-t-on au METI. « Que les Japonais laissent aller leurs centrales à charbon au terme de leur existence, passe encore. Mais qu’ils en construisent de nouvelles sur leur territoire dépasse l’entendement », s’alarme le patron d’un grand groupe français d’énergie.