Princesse Tam-Tam, le dessous de Fast Retailing

Princesse Tam-Tam vient d’ouvrir son premier point de vente à Ginza. C’est une des marques sur lesquelles le géant de Tadashi Yanai compte appuyer son développement. Son président Pierre-Arnaud Grenade répond aux questions de FJE.

 

Comment Princesse Tam-Tam, racheté en 2005 par Fast Retailing, s’est-il mis à l’heure japonaise ?
On me demande un plan à trois et dix ans. Cette façon de travailler est un plus si c'est fait à la manière de Fast Retailing. On se dit : et si on partait de la fin ? Que faire demain pour atteindre un objectif à dix ans ? Dans une entreprise française, on ne va pas hiérarchiser les priorités ainsi. Fast Retailing nous laisse décider vite, ce qui est capital dans la distribution, qui traite de choix quotidiens des consommateurs. Dans le même temps Princesse Tam-Tam fait partie du groupe Fast Retailing, ce qui implique une cohérence dans l'informatique, le choix des hommes clé, etc.

Uniqlo a-t-il pour talon d’Achille son marketing, comme beaucoup de marques japonaises ?
Uniqlo me semble avoir un marketing excellent. Leur lancement en France a été extraordinaire. Ils ont une capacité à générer de l’intérêt qui est phénoménale. Notre marque va apporter un peu de fantaisie à Uniqlo. De ce point de vue, nos marques sont complémentaires.

Comment Fast Retailing aide-t-il des marques comme Princesse Tam-Tam ?
Le savoir-faire Uniqlo est très utile. Il y a une synergie entre produits : Comptoir des Cotonniers a lancé la doudoune Mademoiselle Plume, qu’elle a dessinée en interne mais qui est basée sur des technologies Uniqlo. Ce produit a connu un succès phénoménal. Il y a aussi des synergies en terme d’emplacement. Fast Retailing nous aide à rentrer au Japon par exemple. Nous avons ouvert au Printemps Ginza un point de vente. Pour l’instant ça marche très bien : nous vendons deux fois plus de produits que nos prévisions.

Les Japonaises n’ont pas la réputation de mettre beaucoup de fantaisie dans leurs dessous. Est-ce vrai ?
Ils ont d’excellents fabricants de dessous. Les nôtres sont moins enfantins, avec un savoir-faire des corsetiers français, très précis. Nous mélangeons la grande qualité et la mode dans nos modèles, qui peuvent se porter tous les jours. Nous nous sommes posés beaucoup de questions avant d’ouvrir au Printemps Ginza : en réalité, les dix produits les plus populaires sont les mêmes au Japon et en France. C’est une surprise pour nous. Les Japonaises ont bien compris la marque. Nos modèles sont créés par les femmes et pour les femmes. Il ne s’agit pas de faire des dessous qui transforment la femme en objet de désir. Nous sommes entre les deux pôles, basique et sexy, des dessous féminins. Nous sommes « la troisième voie ».

Comment travaillez-vous avec Tadashi Yanai ?
Tadashi Yanai est très impliqué dans le business. Il regarde les choix stratégiques, mais il ne touche pas au triangle produit/commerce/production, qui doit fonctionner de manière autonome. Je le vois une fois par mois. Pour moi, c’est le Steve Jobs du textile. Il voit les choses différemment. Il pousse les autres. À mon stade, je dois faire tourner une activité, la faire grandir et incarner un leadership. Il a cette expérience, et il la partage avec ses collaborateurs sans pour autant demander qu’on reproduise ses schémas. Je pense qu’il y a peu de Yanai sur Terre.

Vous pensez que Fast Retailing se mondialise ?
De l’extérieur, on ne voit pas la diversité du groupe. Mais l’équipe en France est presque 100% française. Aux Etats-Unis aussi, il y a des équipes locales importantes. La devise du groupe est Changing clothes, changing conventional wisdom, changing the world. Nous pensons que nos produits peuvent changer la vie. Ils seront lancés mais auront une deuxième vie, que lui donnera le consommateur. Rappelez vous la Nike Air : cette chaussure a changé ma vie ! De même, les produits Heat Tech ont changé la vie. Le textile a beau être une industrie millénaire, cette industrie continue de sortir de telles innovations.

Partager cette page Partager sur FacebookPartager sur TwitterPartager sur Linkedin