Prise d'otages
Les négociations entre Bruxelles et Tokyo pour un accord d’intégration économique sont au point mort
Retard
L’accord TPP signé entre le Japon et ses partenaires de la zone Asie-Pacifique était censé accélérer les pourparlers entre Bruxelles et Tokyo en vue d’un accord d’intégration économique (AIE). « Nous étions vraiment optimistes à l’époque » se souvient un diplomate européen concerné.
Il semble au contraire que jamais les négociations n’ont été si lentes. Les Européens excluent en tout cas toute avancée avant les élections sénatoriales de juillet. Selon Bruxelles la partie japonaise craint tellement que ses négociations avec l’Europe influent sur le résultat final de l’accord TPP avec Washington qu’elle rechigne à s’engager sur quoi que ce soit de significatif. Les Japonais invoquent une hypothétique « parité TPP », arguant qu’ils ne peuvent pas promettre davantage aux Européens que ce qui est concédé aux Américains. Ils ne veulent pas mettre en danger la conclusion de l’accord avec les États-Unis, immense marché mais aussi garant de la défense du Japon.
Cacophonie
Cette mise de l’Europe et de l’Amérique sur le même plan est absurde. Européens et Américains n’ont pas les mêmes priorités. « Les Japonais nous expliquent en substance qu’ils ont négocié le meilleur accord possible avec les Américains et que cet accord est bien assez bon pour nous. Mais nous ne cherchons pas à obtenir un “TPP+”! », s’emporte un proche des négociations. Bruxelles veut par exemple que le Japon supprime les barrières sanitaires et réglementaires à l’entrée des produits agroalimentaires, alors que les Américains insistent sur les produits agricoles. Les indications d’origine revêtent une grande importance pour les Européens, pas pour les Américains. Etc.
Côté japonais les négociations sont encore compliquées par le fait qu’elles impliquent plusieurs ministères sans véritable coordination. Les négociations sur le vin sont par exemple du ressort du ministère de l’Agriculture et du ministère des Finances, qui n’ont pas forcément les mêmes positions. Plus généralement, les négociations en vue d’un AIE sont du ressort du ministère des Affaires Étrangères alors que celles du TPP sont du ressort du premier Ministre. Si le Japon a l’authentique souhait de conclure ces négociations vers un véritable accord commercial ambitieux, il doit enfin sortir de l’ambigüité et clarifier sa position.