Repères

Le Japon plus populaire 
que l’Italie... 
mais moins que la France

L’Allemagne est globalement perçue aujourd’hui comme le meilleur pays au monde, selon le consultant Anholt-GFK. Ce dernier mène chaque année une enquête à partir d’un échantillon de 20.000 personnes dans 20 pays différents et sur les catégories suivantes : exportations, politique internationale, culture, peuple, tourisme, immigration et investissement. Selon Anholt-GFK, l’Allemagne a bénéficié en 2013 d’un « effet coupe du Monde » après sa victoire en finale contre l’Argentine. Elle est suivie dans le classement par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. La France et le Japon arrivent en quatrième et sixième position.



Aide au développement
 - liaisons 
dangereuses


Selon les derniers chiffres disponibles (2013), le Japon et la France sont respectivement les quatrième et cinquième pays donneurs d’aide au développement (ODA). La France a réduit son enveloppe (-9,8%, à 11,4 milliards) en 2013, tandis que le Japon a fait un effort exceptionnel (+36,6%, à 11,8 milliards de dollars) par rapport à 2012. Le montant japonais de l’ODA a dépassé celui de la France pour la première fois en 1973. Depuis les années 60, la France a maintenu un flux financier constant, autour de 10 milliards de dollars, tandis que l’aide apportée par le Japon a progressé jusqu’en 1990, et est aujourd’hui stabilisée au-dessus de 10 milliards. Les deux pays sont néanmoins très loin de l’objectif fixé par les Nations-Unies, qui demandent à leurs membres de consacrer 0,7% du revenu national à l’aide au développement. 

La France a pour priorités la santé, l’environnement et le changement climatique. Le Japon concentre son aide sur le développement économique. La différence fondamentale entre les ODA japonaise et française est que la première est davantage « liée », soit orientée vers ses propres entreprises, que la seconde. Ce type d’aide est dénoncé par d’autres pays comme un soutien déguisé à l’exportation. Il est moins efficace que l’aide « non liée ». « Le principe fondamental de l’aide au développement est qu’elle doit servir les destinataires, non les entreprises », rappelle Masaaki Ohashi, président de JANIC, l’association qui regroupe les ONGs nippones d’aide au développement. « Cette approche “liée” de l’aide au développement crée des distorsions dans la concurrence internationale. Elle incite les pays en développement à faire de même pour leur aide », plaide-t-il.

Ces critiques risquent de prendre un tour nouveau dans les prochains mois. Le Japon révise actuellement la Charte de son aide au développement afin de pouvoir financer les activités civiles des forces armées à l’étranger. Cette réforme est une nouvelle entaille dans le pacifisme adopté par le Japon après la seconde Guerre Mondiale. « Dans beaucoup de régions du monde, les travaux de reconstruction qui suivent un conflit sont gérés par une armée. Nous ne pouvons pas aider ces efforts pour l’instant », se défend un haut fonctionnaire du ministère des Finances japonais. Masaaki Ohashi ne l’entend pas de cette oreille. « Le projet de réforme prévoit que le Japon puisse soutenir financièrement la modernisation des garde-côtes d’un pays. Il est évident que si l’aide au développement finance, par exemple, la marine des Philippines ou du Vietnam, elle ne le fait pas dans un but humanitaire mais pour contenir la Chine », s’alarme-t-il. 




Recherche recherche, désespérément

La France a dépensé 55 milliards de dollars en 2012 pour la recherche-développement, contre 152 milliards pour le Japon la même année. La France ne consacre que 2,3% de son PIB à la R&D (surtout publique), contre 3,3% (surtout privée) pour le Japon. Mais ces chiffres sont ridiculisés par ceux de la Chine : 293 milliards, soit presque l’équivalent de la totalité des 28 pays de l’Union Européenne. Selon l’OCDE, le budget de recherche-développement chinois aura dépassé celui des Etats-Unis dès 2019. 




Le monde 
n’est pas plat


Dans une passionnante étude, la société de transport DHL remet la mondialisation à ses justes proportions. Hormis les activités financières et le commerce, les échanges internationaux représentent moins de 20% du total de nos échanges. Ainsi, seulement 17% du trafic internet est international. Les migrants représentent 4% de la population mondiale, soit le même ratio qu’en 1910, selon DHL. L’étude montre que les échanges internationaux sont, en majorité, « interrégionaux ». La mondialisation n’est pas un phénomène continu, note DHL : le monde est moins globalisé aujourd’hui qu’en 2007. Les échanges commerciaux baissent depuis 2011. Les échanges d’information, eux, ne cessent de progresser. Dans le classement DHL, le pays le plus « mondialisé » est les Pays-Bas. La France est 14e, et le Japon 40e sur 140 pays. En termes d’échanges commerciaux de marchandises, le Japon est 119e, la France 95e.




À l'essai


La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a avancé en octobre l’idée de rendre gratuites les autoroutes le week-end. Une idée déjà appliquée par le parti démocrate du Japon (PDJ) lors de son arrivée au pouvoir en 2009, et qui s’est révélée un échec. En poussant les automobilistes sur les routes le week-end, cette mesure a entraîné une perte de recettes pour l’Etat et une hausse de la pollution. Bref, l’inverse des buts que s’est fixés la ministre de l’Écologie.




Sans domicile fixe


La France comptait 112.000 sans-abris en 2012, dont 31.000 enfants, selon une étude de l’INSEE. Le Japon en revanche n’en compte officiellement que... 7508. Plus impressionnant encore : ce chiffre a fondu de moitié depuis 2008 ! En réalité, l’estimation japonaise est inférieure à la réalité. Il est certain que le Japon compte beaucoup moins de clochards que la France. Mais la définition nippone du sans-abri est assez restrictive. Elle n’inclut pas ceux qui dorment dans les cafés internet ou les fast-food, ni ceux qui sont réfugiés chez un proche. Beaucoup de sans-abris sont invisibles à l’appareil statistique japonais. « Le Japon ne recense que les sans-abris de jour, pendant les jours ouvrables, dans les parcs ou les rues. Or, la voirie et les riverains ont multiplié les barricades sur la voie publique pour empêcher que les sans-abris s’y installent ou les occupent », note l’ONG Tenohashi. Nombre de clochards ont également disparu dans les « net cafés ». Enfin, nombre de SDF japonais ont un emploi.




France, Japon, pays attirants


Les membres de la Chambre de commerce française au Japon le subodoraient déjà, mais la banque Mondiale le leur confirme : il est plus facile de faire des affaires au Japon qu’en France. Dans son enquête annuelle Doing Business, le Japon est en 29e position, et la France 31e, sur 189 pays pour son climat propice aux affaires. Mais la France se défend bien. On crée plus vite une entreprise en France (4,5 jours et 5 formulaires) qu’au Japon (11 jours et 8 formulaires). 183 jours sont nécessaires en France pour obtenir un permis de construire, contre 197 jours au Japon. Doing Business regrette, pour la France, les délais dans l’obtention de brevets, de permis de construire, et... la pression fiscale sur les entreprises. Eternel numéro 1 du classement : Singapour.

Une autre étude, de l’Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII) celle-ci, dresse un portrait plus flatteur encore de la France. Parmi les points forts de l’Hexagone : l’incitation fiscale à la R&D, le prix de l’électricité, le transport aérien et le taux de pénétration de l’internet haut débit fixe.


Partager cette page Partager sur FacebookPartager sur TwitterPartager sur Linkedin