Repères

Shinkansen contre TGV : deux trains l’un contre l’autre
Le TGV japonais a ajouté un nouveau modèle à sa collection. Le N700A, dernier né des Shinkansen, a effectué son premier trajet commercial sur la ligne Tokaido, qui relie Tokyo à Osaka devant 400 amateurs de trains ravis. C'est le premier modèle en six ans. Treize machines seront mises sur les rails (c'est le mot) d'ici mars prochain. Le N700A peut aller jusqu'à 270 kilomètres-heure, et effectue la distance Tokyo-Osaka en 2h25. Il est équipé de freins plus sensibles aux séismes que ses prédecesseurs, et de planchers qui absorbent le bruit. Parviendra-t-il jusqu'aux États-Unis ? Peut-être le nouveau modèle contiendra-t-il (enfin) des équipements européens, voire français...
C’est en tout cas une bonne occasion de comparer le Shinkansen à son cousin le TGV. Les deux machines roulent sur des rails à l’écartement britannique d’origine de 1435 millimètres. Elles se valent techniquement. Elles affichent des vitesses de pointe similaires, légèrement supérieures à 300 km/h sur certaines lignes. Notre TGV est plus nerveux. Plus sportif. Il peut se targuer d’avoir offert à la France le record du monde de vitesse sur rail : 574,8 km/h le 3 avril 2007 ! Les usagers apprécieront, surtout ceux qui lisent ces lignes en attendant leur train, en retard. Les Japonais ont bien établi un record, mais c’est pour le Maglev, un train à sustentation magnétique, donc sans contact avec les rails : 581 km/h.  
Ce qui est le plus impressionnant avec le shinkansen japonais, c’est l’ambition de son exploitation. Chez nous, les trains se suivent et se ressemblent. Il n’y a, hélas, qu’un TGV. Au Japon, le Shinkansen se décline en plusieurs gammes (Kodama - omnibus, Hikari - semi-rapide, Nozomi-rapide). La fréquence des trains impressionne le nouveau venu : 144 trains par jour au départ de Tokyo pour Osaka ; 23 trains entre Paris et Lyon dans la même journée. Quant au confort, il suffit de voyager dans les deux trains une fois pour se faire une idée. Qui sait que tous les sièges des shinkansen sont montés dans le sens de la marche, et qu’ils pivotent au bout d’une ligne avant de repartir en sens inverse ? Le Shinkansen est pensé à partir de la clientèle.
On raconte, mais peut-être l’anecdote est-elle apocryphe, que lorsque les Japonais demandèrent conseil aux Français pour installer leurs caténaires, ces poteaux auxquels sont suspendus les fils électriques, les Français leur conseillèrent de les planter « à soixante mètres environ les uns des autres ». Les Japonais ne pouvant concevoir « environ », ils les plantèrent exactement à soixante mètres de distance les uns par rapport aux autres, et s’ensuivit toute une série de problèmes d’exploitation. Les Français ne pêchaient pas par imprécision : il faut que la distance varie entre les caténaires pour que le mouvement du train soit fluide. Cette anecdote est peut-être inventée. Mais « qu’est-ce que ça peut vous faire que j’ai pris le train ou non, puisque je vous l’ai fait prendre à tous ? », expliquait Blaise Cendrars à propos de son poème La prose du Transsibérien.

Smic : une idée française
Au terme de sa visite au Japon, Louis Schweitzer a évoqué devant des journalistes l’idée d’introduire le Smic au Japon. Pour lui, le salaire minimum était une arme adéquate pour le gouvernement Abe, qui souhaite que les salaires augmentent au Japon afin de contribuer à la relance de l’économie.
Le Smic existe en France depuis 1950. Il est indexé sur l’indice des prix, et doit être augmenté par au moins la moitié de la hausse du salaire moyen. Depuis le 1er janvier 2013 il est de 9,43 euros net/heure (1172 yens).
Il existe en réalité non pas un mais des salaires minimum au Japon, dans le cadre d’un système mis en place dès 1959. Les salaires minimum japonais diffèrent selon la région et parfois l’industrie. Ils tournent autour de 653 yens par heure dans la plupart des régions rurales du Japon, et grimpe jusqu’à 850 yens à Tokyo. Par industrie, mieux vaut travailler dans la sidérurgie à Aïchi (874 yens par heure) qu’à Shimane (763 yens). Aucun salaire minimum au Japon n’atteint en tout cas le Smic français.
La grande différence entre les deux systèmes est l’écart entre le salaire minimum et le salaire moyen. En France, le Smic représente 60% du salaire moyen, contre seulement 38% au Japon (comme aux États-Unis d’ailleurs). Cet écart est régulièrement dénoncé au Japon par les partisans d’une revalorisation du Smic. En 2012, le conseil du Salaire Minimum, qui dépend du ministère du Travail, a recommandé une hausse moyenne du salaire minimum dans le pays de 7 yens, pour atteindre 744 yens. En 2010, le gouvernement, la centrale patronale Keidanren et le syndicat majoritaire Rengo se sont accordés sur l’objectif de relever le salaire à 1000 yens d’ici 2020. D’autres, comme Daiji Kawaguchi, du RIETI. relèvent que la hausse du smic au Japon a déjà eu un effet néfaste sur l’emploi des jeunes, et pointe sur le chômage des jeunes dans la plupart des économies développées d’Europe.

Le Japon gagne
Qui est le plus compétitif des deux ? Le Japon, selon le Forum économique mondial (WEF). L’institution présidée par Klaus Schwab a classé le Japon dixième en terme de compétitivité dans son dernier Global Competitiveness Index. La France se retrouve 21e dans ce classement très lu depuis son invention en 1979. Les deux pays rétrogradent par rapport à l’année précédente.
Parmi les composants de cet indice, les plus préoccupants pour le Japon sont l’environnement macroéconomique (la dette publique nippone est la plus élevée du classement), la lourdeur de la bureaucratie, la fiscalité élevée appliquée aux entreprises et la faiblesse des marchés financiers nippons. Le rapport s’inquiète de la dégradation rapide du marché du travail japonais. « Les rapports entre le salaire et la productivité, les procédures d’embauche et de licenciement, la fuite des cerveaux » sont trois points noirs du marché du travail nippon, s’alarme le WEF. Point fort : l’innovation, où le Japon décroche la cinquième place. « Les dépenses en recherche-développement demeurent élevées (deuxième rang mondial), et le Japon a toujours à sa disposition pléthore d’ingénieurs et de savants très inventifs. Cette innovation se retrouve dans le nombre très élevés de brevets déposés par habitant au Japon », observe le rapport.
La France de son côté souffre d’un environnement macroéconomique médiocre, en particulier d’un marché du travail déficient (111e sur 144 !), où la guerre tient lieu de dialogue social alors que les salariés sont surprotégés, estime le rapport. Quand au régime fiscal... il est classé 128e sur 144. La France dispose en revanche d’infrastructures excellentes et d’une main d’œuvre remarquable formée dans un des meilleurs systèmes d’éducation au monde. Le rapport du Forum Économique Mondial souligne la facilité avec laquelle les acteurs économiques adoptent les nouvelles technologies en France.

Pays de train
On trouve 82 gares japonaises parmi les gares les plus actives du monde, selon le forum de discussion japonais Hachima Kiko. Le trio de tête est totalement dominé par Tokyo. La palme revient de loin à Shinjuku, avec 1,26 milliards de passagers par an, très loin devant les gares Shibuya et Ikebukuro. Face à une telle domination la France n’est pas ridicule : Paris Nord est la première gare non-japonaise du classement, à la 24e place (190 millions de passagers par an), avant Chatelet-Les Halles (180 millions), et Saint-Lazare (100 millions). Aucun autre pays n’a autant de gares dans le top 100.
Les gares au Japon servent d’antennes de distribution et forment un réseau qui soutient la consommation. Près de la moitié des revenus des opérateurs de lignes de chemin de fer viennent du non-ferroviaire. La France ressemblera bientôt au Japon en ce sens, la SNCF souhaitant s’inspirer du modèle nippon.

Mieux vaut pirater en France

L’auteur d’un téléchargement illégal d’œuvres protégées par le droit d’auteur au Japon risque deux ans de prison depuis octobre. Pour être condamné, le contrevenant doit être conscient que l’œuvre qu’il a téléchargée était juridiquement protégée. La peine est encore plus sévère pour celui qui met en ligne l’œuvre en question : dix ans de prison et 10 millions de yens maximum. Personne n’a encore été condamné pour piratage dans l’Archipel. La France est nettement plus clémente. Au terme de la fameuse loi Hadopi, l’impétrant s’expose à un premier courrier, suivi d’un deuxième en cas de récidive dans les six mois, avant un troisième courrier l’informant des risques de poursuite pénale. Si le parquet est finalement saisi, il peut prononcer une amende et la suspension de la ligne internet du coupable. Protection supplémentaire (pour le pirate ?) : une circulaire serait en préparation, selon le quotidien Libération, pour que les parquets classent sans suite les affaires où les internautes n’ont tiré aucun enrichissement personnel du téléchargement illégal.

Comment les Français mangent japonais
Le JETRO a voulu décortiquer l’extrême popularité de la cuisine japonaise dans le monde avec un sondage effectué en décembre dernier. Il a pour cela choisi six pays, dont la France. Les résultats de l’enquête sont très, très encourageants. Dans tous les pays visés (hormis les États-Unis), la cuisine japonaise est la plus populaire. 17% des sondés français la placent en tête, devant la cuisine chinoise. La majorité des Français va à la cuisine japonaise par le bouche-à-oreille. Le poulet frit et les sashimi ont leurs faveurs. Le saké japonais jouit d’une excellente image parmi les alcools consommés par les Français. Mais c’est le thé vert qui est la véritable star du sondage. « Il est de plus en plus populaire dans les cafés et les foyers français. Les femmes françaises connaissent ses effets anti-oxydants et y voient une boisson qui retarde la vieillesse », observe le JETRO.

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