Repères

Les étrangers, enfin?

LES ÉTRANGERS, ENFIN ?

Le gouvernement a profondément re­manié la politique d’immigration (qu’il prétend ne pas mener). Il a annoncé en juin la création d’une nouvelle catégorie de visa bien plus accommodante que le régime actuel pour cinq secteurs : hôtel­lerie, agriculture, construction, construc­tion navale, santé. Les tests de langue seront considérablement facilités pour ce type d’activité. Ceux qui le souhaitent pourraient rester plus de cinq ans, voire amener leur famille au Japon, après un test de langue et un test d’aptitude pro­fessionnelle. Aujourd’hui estimés à 1,278 million d’âmes, les travailleurs immigrés devraient être 500.000 de plus d’ici 2025 dans l’Archipel selon le gouvernement. Rien qu’en 2017 le gouvernement dé­nombre 110.000 travailleurs étrangers supplémentaires.

Mais le Japon doit faire face à un nou­vel écueil : son attractivité. Les travail­leurs qualifiés étrangers boudent déjà le Japon, à l’environnement professionnel archaïque. Mais les travailleurs peu qua­lifiés risquent de bientôt les imiter car d’autres pays les rémunèrent beaucoup mieux, comme le révèle une étude de l’économiste Yoshikazu Kano, de l’insti­tut de recherches Dai-Ichi Life. Au Japon, une grande partie des emplois peu qua­lifiés (infirmière, ouvrier du bâtiment, cuisinier...) est assurée par des étrangers « stagiaires » rémunérés environ 150.000 yens par mois. Mais un travailleur immi­gré gagne deux à trois fois plus d’argent par mois pour la même tâche en Alle­magne, en Nouvelle-Zélande ou en Aus­tralie, avec un environnement juridique beaucoup plus protecteur.


MONNAIE VIRTUELLE, RETARD RÉEL

Le cash demeure prépondérant au Japon, creusant le retard avec d’autres écono­mies développées, notamment la Chine. Selon une récente étude Ipsos, plus de la moitié des Chinois utilisent les espèces uniquement pour moins de 20% de leurs transactions mensuelles. 84% s’estiment sereins sans un sou en poche ! Même la carte de crédit semble has been en Chine. Les solutions de paiement intégrées au mobile du type de celles proposées par l’application Wechat sont acceptées par pratiquement tous les restaurants (même les échoppes ambulantes de rue), tous les modes de transport, les hôtels, les attrac­tions touristiques... à comparer avec le Japon, dont les paiements en ligne repré­sentent moins de 20% de la totalité des transactions. « Environ 60% des investis­sements de particuliers se font en ligne en Chine, contre 5% au Japon », observe un financier familier des deux pays. L’incuba­teur Softbank lancera à l’automne Paypay, une application mobile de paiement qui, espère-t-il, convertira enfin les Japonais à la monétique moderne...


SANS SANS-ABRI

Pour la première fois le nombre de sans-abris est descendu sous la barre des 5000 au Japon. L’Archipel ne comptait que 4977 SDFs en 2017, soit une chute de 10% par rapport à 2016. Le ministère de la Santé, qui établit ces relevés en se bornant à compter le nombre de per­sonnes qui dorment dans la rue, recon­naît qu’il est probablement sous-estimé. Il demeure très en-deçà des statistiques françaises sur le sujet : en 2012, dernier recensement sur le sujet, l’INSEE relevait 141.500 « sans domiciles » dans l’Hexa­gone.


JEUX D’ARGENT

Pas joueurs les Japonais ? Les statisti­ques disent le contraire. Selon le consul­tant H2 Gambling Capital, le Japon est le troisième marché du jeu de la planète. Les Japonais dépensent en paris 31,4 mil­liards de dollars par an, contre 119 mil­liards pour les Américains et 76 milliards pour les Chinois. Une véritable aubaine pour les opérateurs de casinos qui s’ap­prêtent à ouvrir trois établissements au Japon. La France est huitième, avec 13,3 milliards de dollars dépensés par an en jeux.


DE MOINS EN MOINS D’EMPLOIS MANUFACTURIERS

La part de l’emploi manufacturier au Ja­pon a reculé en vingt ans : elle représente aujourd’hui 15,3% des emplois, contre 20,4% en 1995. Dans le même temps, en France, elle est passée de 14,8 à 9,7% des emplois.


VOYAGE EN PRODUCTIVITÉ

La productivité ne se porte bien nulle part, selon une récente étude globale de l’OCDE sur le sujet. La croissance écono­mique revient, mais elle n’est pas accom­pagnée par les mêmes gains de producti­vité que ceux observés après la popula­risation d’Internet dans les années 2000. L’OCDE explique que les créations d’em­ploi ont lieu aujourd’hui plutôt dans des activités à faible productivité (restaura­tion, soins à la personne...). D’autre part les progrès technologiques, qui devraient nous rendre plus efficaces, ne sont pas efficacement disséminés ; par exemple, ils ne sont pas accompagnés par des changements de modèles commerciaux ou d’organisation du monde du travail. Ainsi, au Japon, depuis 2010, les gains de productivité des Japonais sont de 0,85% par an, alors qu’ils représentaient 1,36% par an entre 2001 et 2007. La France, avec 0,84% de gain par an depuis 2010, ne fait guère mieux. Cette médiocre per­formance explique que les salaires n’aug­mentent pas, car ils sont versés pour des tâches dont la valeur ne progresse pas.


TOKYO C’EST SÛR !

Tokyo demeure la capitale la plus sûre du monde, selon un classement établi par The Economist sur soixante villes. La capitale du Japon conserve sa couronne, faisant mentir l’idée reçue selon laquelle concentration urbaine rimerait nécessai­rement avec délinquance et insécurité. Le plus étonnant (et le plus encourageant) est peut-être que Tokyo est leader du classement dans la catégorie « sécurité numérique » : les auteurs du rapport esti­ment que la ville est la mieux prémunie contre une attaque informatique sur ses réseaux. Le rapport note que Tokyo fait un effort particulier en prévision des Jeux olympiques de 2020.
Sans surprise l’Asie du nord-est est sur­représentée avec quatre villes (Tokyo, Singapour, Osaka, Hong Kong) de cette région parmi les dix premières. La Chine est encore loin du Japon, Pékin se situant au rang embarrassant de 32e, tandis que Shanghai occupe la 34e place. Paris est 24e, derrière Washington !

Partager cette page Partager sur FacebookPartager sur TwitterPartager sur Linkedin