Un robot idéal

Une après-midi d’octobre 2011, Quince n’est pas revenu de sa mission d’exploration dans le réacteur n° 2 de la centrale de Fukushima-Daiichi. Le petit robot roulant n’a jamais été retrouvé. Ses concepteurs, issus de l’Institut de technologie de Chiba, sont alors retournés sur leur planche de travail pour tenter de créer une nouvelle machine capable de pénétrer au plus profond du site, dans des recoins encombrés de déchets, beaucoup trop radioactifs pour l’Homme. « Dès que je suis allé sur le site, en mars 2011, j’ai compris qu’il allait falloir revoir nos systèmes d’intervention », confirme, de son côté, Makoto Ochiai, un ingénieur de Toshiba en train de finaliser la mise au point du nouveau robot révolutionnaire du groupe industriel.
Estimant que les machines traditionnelles montées sur des petites roues allaient être rapidement bloquées par les débris et l’eau accumulés dans les travées du site, Toshiba a conçu un appareil quadrupède, capable de surmonter les obstacles. Le robot, qui pèse 65 kilos et mesure un peu plus d'un mètre de haut, ressemble à une épaisse caméra de télévision montée sur quatre pieds d'acier articulés. Equipé de six caméras et d’un dosimètre, il est piloté à distance, par le biais d’un réseau Wi-Fi, et peut circuler deux heures avant de rentrer à sa base pour recharger ses batteries.
Contrairement aux machines roulantes, il est, lui, capable de monter très lentement des escaliers, de progresser dans vingt centimètres d'eau contaminée et de déposer au sol, par le biais d'une mini-grue, un plus petit engin d’exploration roulant, capable de prendre des images dans des espaces encore plus confinés.
Théoriquement, la machine peut survivre à l’agressivité de l’environnement dans les réacteurs détruits de la centrale. S’il craint la condensation, et a été programmé pour quitter les lieux s’il vient à en détecter, il peut supporter des températures de plus de cinquante degrés et encaisser jusqu'à 300 grays de doses de radioactivité cumulée. Au-delà de ces montants, ses capteurs, notamment ceux situés dans ses caméras, risquent d’être endommagés ou perturbés.
L’appareil, qui devrait être introduit l’an prochain dans les chambres de suppression de pression des réacteurs, doit à terme permettre aux ingénieurs de Toshiba de développer une nouvelle génération de robots pour accompagner le chantier de démantèlement de Fukushima-Daiichi. Le groupe travaille déjà sur une machine télécommandée, capable de porter des charges d'au moins 80 kilos, d’enjamber des obstacles de cinquante centimètres et d’éventuellement grimper, seule, à des échelles. « Nous ne sommes qu'au début du développement », explique Makoto Ochiai.
Suivant ces efforts, les ingénieurs de l’Institut de Technologie de Chiba viennent, eux-aussi, de présenter l’héritier de Quince. Baptisé Sakura, le nouveau robot est toujours roulant mais peut désormais grimper des marches ou des débris hauts de cinquante centimètres. Il emporte une caméra mais aussi un microphone.

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