Business France, une affaire de la CCI

Christophe Lecourtier, directeur général de Business France

19 novembre dernier était à marquer d'une pierre blanche - et pas seulement en raison de la tenue du premier Business Summit de la CCI.

Le même jour cette dernière a signé avec Business France, l'organisme de promotion des PME à l'international, un contrat pour devenir son partenaire pour l'accompagnement des PME et ETI françaises au Japon. Un événement si important que plusieurs délégations régionales et les entreprises participant à l'opération "100 PME au Japon" organisée par la CCI étaient présentes pour l'occasion. Le Japon est à l'avant-poste de la restructuration du réseau d'aide à l'exportation français. Malade de son déficit commercial chronique (-5 milliards d'euros en novembre), l'Hexagone est en train de créer, comme le souligne un communiqué commun entre la CCI et Business France, « une « Team France Export » qui vise à offrir aux PME et ETI françaises un dispositif lisible, efficace et adapté ». Cette nouvelle organisation « offre un continuum de solutions, de la préparation à la projection à l’international : depuis les régions françaises, dans lesquelles sont constitués des "guichets uniques de l’export" jusqu’aux marchés étrangers où un "correspondant unique Team France Export" orientera les PME vers les solutions répondant à leurs besoins ». Le paysage s'éclaircit donc pour ces entreprises françaises aux moyens limités mais assez volontaires pour suivre leur "intuition japonaise". Ce à un moment où l'accord de libre-échange signé entre le Japon et l'Union Européenne produit ses premiers effets depuis le 1er février. PME, ETI : vous êtes les bienvenues au Japon !

La CCI collabore désormais avec Business France pour promouvoir les sociétés exportatrices françaises au Japon. Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, décrit la révolution en cours du bras armé des entreprises exportatrices françaises

Business France est au coeur d’une réforme très importante. Pouvez-vous la décrire ?

Nous devions construire un collectif : c’est ce que nous avons appelé Team France. Ce changement est la réponse à un besoin des entreprises françaises. Elles estimaient nos services satisfaisants, mais elles nous faisaient aussi part d’un manque de clarté dans la répartition des rôles entre les différents acteurs en lien avec l’entreprise. Il était urgent de changer notre vision du monde et de mettre en place des guichets uniques pour les rassembler.

En France, ce sont des acteurs publics qui constituent le noyau dur du soutien aux entreprises : les Chambres de commerce et d’industrie, Business France et les Régions. L’idée était donc de mutualiser les moyens et de proposer une adresse unique où seraient rassemblés en un même endroit les professionnels d’accueil, l’ensemble de l’information sur les marchés et sur les entreprises sous la bannière « Team France export ». Le but était de créer les conditions d’une confiance renforcée vis-à-vis des entreprises et une efficacité plus grande. Ce guichet unique sera présent dans dix régions sur douze.

À l’étranger, on veut appliquer le même type de démarche mais de manière différente, car on a affaire à des acteurs privés. Ainsi, avec la CCI France-Japon, qui a répondu à notre appel d’offres, nous allons créer une structure qui sera une vraie chance pour les entreprises. Vouloir entreprendre à l’autre bout du monde, dans un environnement pacifié et complètement structuré pour vous accueillir, c’est un élément de confiance pour un patron de PME. Cela donne envie de prendre des risques !

Ce partenariat est une première. Il sera étendu à d’autres marchés, à d’autres pays. Dans un premier temps à Hong-Kong puis en Russie, en Espagne, et ailleurs.

Nous avons parfois l’impression que les PME ne souhaitent pas exporter ou qu’elles n’ont pas conscience de leur potentiel à l’exportation. Quels sont les obstacles qu’elles mettent en avant ?

Le premier obstacle, c’est la capacité de la PME à savoir si l’export est bien une solution pour elle, si elle se sent prête et si elle a pu évaluer sa capacité à franchir les frontières. La question suivante est de savoir exactement par où commencer.

C’est la raison pour laquelle nous sommes convaincus que l’export commence d’abord en France. L’entreprise doit pouvoir trouver un interlocuteur à qui poser ses questions. Il lui servira ensuite de coach et lui permettra de mettre les bonnes réponses en face des bonnes questions. Jusqu’à présent ce dispositif était essentiellement actif à l’étranger et à Paris.

En région, ce guichet unique sera composé d’hommes et de femmes qui iront au contact des entreprises, frapper à leurs portes pour leur proposer de faire un bilan sur leur capacité à l’export et les orienter vers les marchés potentiels. Si ces marchés sont simples parce qu’il y a une structure d’accueil unifiée, c’est encore mieux.

On va donc se tourner vers une démarche de plus en plus qualitative, qui correspond plus aux marchés ?

Les difficultés en matière d’export ressemblent à celles de l’orientation universitaire. Beaucoup de jeunes en France sont en situation d’échec parce qu’ils se sont orientés vers la mauvaise filière. Énorme gâchis. C’est la même chose s’agissant d’exportation. On a peu d’exportateurs comparé à d’autres pays. De plus, 30% de nos 125.000 exportateurs quittent le marché où ils exportent l’année suivante, probablement parce qu’ils se seront orientés vers un marché qui n’était pas celui où ils pouvaient réussir. Le conseil, la préparation, l’orientation sont donc vraiment déterminants. Il faut aller au contact des entreprises, les aider à évaluer leurs capacités et les orienter vers le marché où elles ont le plus de chances de réussir. Une entreprise qui réussit à l’étranger donnera envie à dix entreprises de la suivre à l’export. Une entreprise qui échouera va en dégoûter cinquante. Il faut donc créer un engrenage favorable, un buzz autour de l’export. Ce dispositif, avec les Chambres de commerce, nos partenaires à l’étranger, peut être réducteur d’incertitudes et accélérateur de croissance. Il peut éviter aux entreprises les pièges les plus gros et les orienter là où leurs chances de réussir sont les plus grandes. D’une certaine manière, il va aussi permettre d’améliorer la performance française dans des proportions importantes. 

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